
Shunbun no Hi, l’équinoxe de printemps au Japon
Alors que l’hiver japonais s’efface doucement devant les premiers bourgeons, le Japon célèbre Shunbun no Hi, l’équinoxe de printemps. Tombant chaque année autour du 20 mars, cette journée particulière voit s’équilibrer parfaitement la durée du jour et de la nuit, marquant symboliquement le début du printemps dans le calendrier traditionnel japonais. Dans la pensée bouddhiste, cet équilibre évoque non seulement le réveil de la nature, mais aussi un moment privilégié de connexion spirituelle avec l’au-delà.
Avant de devenir une fête nationale officielle en 1948, l’équinoxe de printemps était associé à des cérémonies shintoïstes qui honoraient les esprits des ancêtres impériaux. Cependant, après la Seconde Guerre mondiale et la mise en place d’une nouvelle constitution établissant une stricte séparation entre l’État et le shintoïsme, l’équinoxe de printemps a été officiellement détaché de ses origines religieuses impériales. Aujourd’hui, Shunbun no Hi constitue un jour férié propice au recueillement familial ou à l’appréciation paisible des premières floraisons printanières.
HIGAN, LA SEMAINE EQUINOXIALE
Comme pour l’équinoxe d’automne (Shuubun no Hi), qui est également un jour férié autour du 20 septembre, l’arrivée du printemps est marquée au Japon par une période appelée Higan, la semaine équinoxiale, qui correspond aux 3 jours qui précèdent et suivent l’équinoxe. Cette semaine est imprégnée de traditions et rituels bouddhiques. Dans le bouddhisme, les deux équinoxes représentent en effet des moments privilégiés où notre monde est le plus proche de l’au-delà, facilitant ainsi le lien entre vivants et défunts.



Durant Higan, des familles japonaises se rendent dans les cimetières pour nettoyer les tombes et déposer des offrandes florales et culinaires en mémoire de leurs ancêtres. Pour d’autres, il ne s’agit que d’un jour férié appréciable et synonyme de promenades printanières pour admirer les pruniers en fleur, les cerisiers précoces, ou même les fameux sakura lors des années où la floraison intervient un peu tôt. Enfin, on peut également apercevoir dans les rues des jeunes femmes vêtues de somptueux hakama à l’occasion des sotsugyoushiki, les cérémonies de remise des diplômes, qui se tiennent à cette même période.
Shunbun no Hi 2025 : 20 mars 2025
Shunbun no Hi 2026 : 20 mars 2026
Shunbun no Hi 2027 : 21 mars 2027
Comme toujours, toute célébration au Japon est l’occasion de se régaler avec des douceurs de saison. Chaque équinoxe est accompagné d’une fleur symbolique et d’une pâtisserie spéciale : le higanbana et l’ohagi pour l’automne, et la pivoine (botan) et le botamochi pour le printemps.
BOTAMOCHI, LA SPÉCIALITÉ DE L’ÉQUINOXE DE PRINTEMPS

Le botamochi est la douceur incontournable de Shunbun no Hi. Cette pâtisserie traditionnelle est confectionnée à partir de riz gluant légèrement pilé et enveloppé d’une grosse couche d’anko, la pâte de haricot rouge sucrée. Très proche de l’ohagi, la douceur consommée à l’équinoxe d’automne, le botamochi porte un nom inspiré par la pivoine (botan), tandis qu’à l’automne, il est associé au trèfle (hagi). La différence entre botamochi et ohagi est assez floue, les deux douceurs étant quasiment similaires, mais la couche extérieure du botamochi est normalement légèrement plus lisse que celle de l’ohagi. Surtout, l’ohagi se retrouve partout, tout au long de l’année, tandis que le botamochi n’est généralement vendu qu’autour de la période de l’équinoxe de printemps.
Parfois préparé en famille, le botamochi est souvent déposé en offrande sur les autels domestiques avant d’être partagé. Sa texture moelleuse et son goût délicatement sucré en font une gourmandise très appréciée, notamment accompagnée d’une tasse de thé vert. Certaines variantes régionales existent également : enrobées de graines de sésame noir ou de poudre de soja grillé (kinako), elles apportent des saveurs complémentaires à cette spécialité printanière.
LA SYMBOLIQUE DES PIVOINES
La pivoine (botan) est la fleur emblématique de l’équinoxe de printemps, synonyme d’élégance, de prospérité et de renouveau. Bien que les cerisiers soient parfois les vedettes de cette période (les années où leur floraison intervient assez tôt), les pivoines occupent une place d’honneur dans la culture japonaise depuis leur introduction de Chine. Elles ornent traditionnellement les estampes, les tissus précieux des kimono et divers objets d’art.
Cependant, la saison des pivoines n’a pas lieu au moment de l’équinoxe de printemps : elle intervient plus tard, généralement de début avril à mi-mai, ou avant, avec les pivoines d’hiver qui fleurissent de mi-janvier à mi-février. Cette association entre pivoine et équinoxe est donc surtout symbolique, la fleur permettant de symboliser le printemps plein de couleurs qui s’annonce. Car en effet, en avril et mai, les temples et jardins japonais organisent de magnifiques expositions de pivoines, offrant un spectacle raffiné et coloré. Certaines variétés particulièrement fragiles sont protégées sous de délicats abris en paille appelés wara-bocchi, véritables petites maisons végétales.


Au Japon, où les saisons rythment harmonieusement la vie quotidienne, Shunbun no Hi représente un moment de pause privilégié. Entre spiritualité, contemplation des fleurs et dégustation de pâtisseries traditionnelles, l’équinoxe de printemps invite à ralentir et à apprécier pleinement les trésors naturels et culturels du pays.
J’espère que cet article aura éveillé votre intérêt pour cette fête nationale ! S’agissant d’un jour férié, il y aura par contre du monde dans les restaurants et lieux touristiques. Si vous souhaitez plonger davantage dans les subtilités du rythme saisonnier japonais, mon livre 72 saisons du Japon vous offrira une exploration approfondie du Japon au fil des mois de l’année. N’hésitez pas non plus à consulter mes autres articles sur des festivités printanières telles que Hina Matsuri la fête des petites filles au Japon ou encore Setsubun, la fête de l’arrivée du printemps !
Encore un excellent article ,Cet homme est à son prime depuis tant d’années. J’espère que ça durera l’éternité.
Bordel <3