POKÉFUTA, LES PLAQUES D’ÉGOUT POKEMON AU JAPON
Plaques d’égout arborant des Pokémon, les Pokéfuta sont désormais disséminées à travers tout le Japon et n’attendent qu’à être chassées par les amateurs ! Issues d’une collaboration entre The Pokémon Company et les gouvernements locaux japonais, ces œuvres visent à promouvoir des destinations méconnues et à revitaliser les villes impactées par des catastrophes naturelles. C’est notamment le cas de la région du Tohoku, fortement touchée par la triple catastrophe de 2011, qui abrite un grand nombre de plaques d’égout Pokémon. Vous ne trouverez donc pas forcément des Pokéfuta dans les lieux touristiques ultra connus : les dénicher, ça se mérite ! Le but est d’inciter les voyageurs à sortir hors des sentiers battus, là où ils ne se seraient peut-être pas aventurés autrement. Depuis leur installation en 2018, plus de 200 plaques d’égout Pokémon ont été posées.
LES PLAQUES D’ÉGOUT AU JAPON
Avant de poursuivre, il est essentiel de savoir qu’au Japon, depuis les années 1980, les plaques d’égout sont souvent agrémentées de motifs artistiques. Ces œuvres d’art urbain, disséminées à travers tout le pays, présentent chacune un design distinct qui reflète l’identité locale. Elles peuvent représenter des monuments emblématiques, des spécialités culinaires, des célébrations locales, ou encore des animaux emblématiques. Au total, plus de 6 000 motifs sont répartis sur l’ensemble du territoire japonais.
Depuis 2016, il est également possible de collectionner des cartes en lien avec ces plaques, pour prolonger l’expérience au-delà de la simple observation. L’initiative des cartes de plaques d’égout japonaises, appelées manhole cards, a été lancée par la Plateforme d’information publique sur les égouts (GKP). Leur design s’inspire justement des cartes Pokémon, et elles sont disponibles gratuitement près des plaques d’égout correspondantes, que ce soit dans un musée, un centre touristique, ou les installations de traitement des eaux usées. Sur chaque carte figure une photo de la plaque avec ses coordonnées géographiques, tandis qu’une explication du dessin est fournie au verso. Les cartes sont classées par couleur selon la préfecture. Pour savoir où vous adresser pour les récupérer, vous pouvez consulter le site de GKP.
POKÉFUTA : ATTRAPEZ LES TOUTES !
Les Pokéfuta suscitent un engouement certain auprès des fans, mais également des curieux ! Le site Poké Lids est justement dédié aux Pokéfuta : il les recense toutes et indique l’emplacement précis de chacune sur Google maps. Intuitif et disponible en anglais, il permet de trouver des Pokéfuta par préfecture, ou bien par Pokémon via la barre de recherche. Un outil idéal pour ajouter des petits détours à son itinéraire en fonction des Pokéfuta qui sont aux alentours !
À noter que les Pokéfuta constituent toutes des PokéStop pour les joueurs de Pokémon GO. Si la hype du jeu est rapidement retombée en France, il reste toujours un grand nombre de joueurs au Japon, et on peut donc parfois voir des groupes se former autour de ces PokéStop.
LES POKÉFUTA : QUAND LES POKEMON DEVIENNENT DES AMBASSADEURS LOCAUX
Les Pokémon choisis pour figurer sur les plaques d’égout ne le sont que rarement au hasard. Il y a quasiment toujours une signification derrière, même si elle peut parfois être tirée par les cheveux… Dans la grande majorité des cas, il s’agit d’un jeu de mots entre le nom du Pokémon et celui de la ville. Les Japonais adorent créent des éléments, voire tout un univers autour d’un lieu grâce aux jeux de mots. De manière générale, quand il y a quelque chose d’un peu loufoque ou tiré par les cheveux au Japon (souvent autour d’une coutume ou d’une pratique portant bonheur), c’est quasiment toujours un jeu de mots qui est derrière ! Une fois qu’un lien de la sorte est créé entre un Pokémon et une région, les Japonais vont capitaliser dessus et le Pokémon va se retrouver partout dans la région : il devient un véritable ambassadeur de la destination !
Par exemple, le tout premier Pokéfuta du Japon, mis en place en décembre 2018 dans la ville d’Ibusuki (préfecture de Kagoshima), met en vedette le Pokémon Évoli. L’explication, c’est que le nom d’Ibusuki ressemble à la phrase « j’aime Évoli » en japonais : iibui suki (iibui étant le nom original d’Évoli et suki signifiant « j’aime »).
Dans la préfecture de Kagawa, c’est Ramoloss qui est l’ambassadeur ! En japonais, ce Pokémon s’appelle Yadon et a donc tout simplement été lié à Kagawa pour faire un jeu de mots avec les nouilles udon, qui sont la grande spécialité de la préfecture. Ça tombe plutôt bien pour un Pokémon qui passe son temps à se tripoter la nouille !
Dans la préfecture de Niigata, la ville d’Ojiya est connue pour être le berceau des fameuses carpes nishikigoi, les carpes koi colorées qu’on retrouve souvent dans les jardins japonais. C’est donc tout naturellement qu’on y retrouve de superbes plaques ornées de Magicarpe Shiny !
Dans la préfecture d’Iwate, la Pokémon Racaillou est l’ambassadeur de la région car il évoque le bouclier de béton construit le long de la côte afin de se protéger des tsunami suite à la catastrophe de 2011 qui a sévèrement touché la zone. Les Pokéfuta ayant pour objectif de redynamiser le tourisme dans les régions moins connues ou touchées par des catastrophes, on en retrouve un grand nombre dans la région du Tohoku, au nord de l’île principale du Japon.
Le Pokémon le plus célèbre et populaire étant de très loin Pikachu, quelle ville a bien pu avoir cette chance de se voir associer à lui ? Eh bien, il s’agit de Yokohama, la grande ville aux portes de Tokyo ! On y trouve déjà 5 superbes Pokéfuta à l’effigie de Pikachu. L’explication, c’est qu’il existe le Yokohama Pikachu Matsuri, un festival dédié à Pikachu qui se déroule chaque année en août à Yokohama et qui comprend notamment une énorme parade. C’est en effet une ville qui a toujours soutenu différents projets liés aux Pokémon et qui est donc naturellement récompensée.
LES POKÉFUTA : LA CHASSE AUX TRÉSORS URBAINS
Si vous êtes de passage à Tokyo, je vous recommande de visiter le parc Serigaya Koen à Machida. C’est là que Satoshi Tajiri, le créateur de Pokémon, a grandi. Durant son enfance, il aimait explorer ce parc à la recherche de petits insectes, ces derniers ayant ensuite inspiré la création des Pokémon. Aujourd’hui, le parc accueille fièrement 6 Pokéfuta, dont un magnifique Bulbizarre ! Le parc offre également une agréable promenade le long de ses petits cours d’eau, avec en prime la proximité du musée d’art graphique de Machida.
Certaines Pokéfuta exigent un effort supplémentaire ! Si vous vous aventurez tout au nord, à Wakkanai (préfecture de Hokkaido), vous atteindrez le point le plus septentrional du Japon. Là-bas, une Pokéfuta très spéciale attend d’être découverte : elle met en scène les Pokémon Goupix et Feunard, en hommage à Taro et Jiro, deux chiens de traîneau de l’expédition japonaise au pôle Sud en 1958, abandonnés par la Japanese Antarctic Research Expedition. En raison des mauvaises conditions météorologiques, tous les chiens ont dû être laissés sur place lorsque l’expédition a dû repartir en avion. Seuls Taro et Jiro ont survécu et ont été retrouvés au printemps suivant, ce qui leur vaut d’être des symboles de persévérance et de courage au Japon.
Partir à la découverte des Pokéfuta, c’est un peu comme une chasse au trésor grandeur nature ! Une belle manière de découvrir des destinations moins touristiques, un beau prétexte pour s’aventurer dans des coins moins fréquentés, et une manière d’en apprendre davantage sur certaines régions à travers leur culture, leur histoire, leurs spécialités ou même leurs anecdotes. Si certaines Pokéfuta peuvent être très difficiles d’accès, beaucoup restent largement à la portée de tout dresseur en herbe ! Pour d’autres découvertes mélangeant pop culture japonaise et voyage, n’hésitez pas à consulter mes articles sur le Japon de Samurai Champloo et sur Kumamoto sur les traces de One Piece !
Tu surprends toujours !
Pika pika !