Shubun no Hi, l’équinoxe d’automne au Japon
Shubun no Hi, l’équinoxe d’automne au Japon

Shubun no Hi, l’équinoxe d’automne au Japon

Alors que le mois de septembre au Japon voit la chaleur diminuer peu à peu pour laisser place à une lumière et une météo plus douces, le Japon célèbre Shubun no Hi, l’équinoxe d’automne. Chaque année autour du 23 septembre, le soleil se lève exactement à l’Est et se couche exactement à l’Ouest, offrant un équilibre quasi-parfait entre le jour et la nuit. Ce moment marque symboliquement le passage vers la saison automnale, celle où l’air se rafraîchit peu à peu. Jour férié national depuis 1948, Shubun no Hi est officiellement consacré au recueillement : l’occasion d’honorer les ancêtres et de se souvenir des disparus, dans une atmosphère de calme et de respect, entre contemplation des paysages changeants et hommage intime aux êtres chers.

Higan, la semaine équinoxiale

Comme pour l’équinoxe de printemps (Shunbun no Hi, autour du 20 mars), l’équinoxe d’automne s’inscrit dans une période appelée Higan, la semaine équinoxiale. Elle correspond aux 3 jours qui précèdent et aux 3 jours qui suivent l’équinoxe, soit 7 jours au total. Dans le bouddhisme japonais, les équinoxes de printemps et d’automnee sont considérés comme des périodes privilégiées où notre monde est le plus proche de l’au-delà. L’équilibre entre le jour et la nuit symbolise un passage, une ouverture temporaire entre cette rive (Shigan), le monde des vivants, et l’autre rive (Higan), le monde de l’éveil et des ancêtres.

Shubun no Hi 2025 : mardi 23 septembre 2025
Shubun no Hi 2026 : mercredi 23 septembre 2026
Shubun no Hi 2027 : jeudi 23 septembre 2027

Durant la période de Higan, des familles japonaises se rendent dans les cimetières pour nettoyer les tombes et y déposer des offrandes florales et culinaires en mémoire de leurs disparus. On dispose également des fleurs et de la nourriture sur les autels domestiques (butsudan), on fait brûler de l’encens et on récite des prières. Les temples bouddhistes organisent des offices appelés Higan-e, au cours desquels les moines récitent des sutra pour le salut des ancêtres. Pour d’autres Japonais, Shubun no Hi constitue tout simplement un jour férié pour se reposer, profiter de balades automnales, voire partir en vacances lorsque Keiro no Hi, l’autre jour férié de septembre, permet de créer la Silver Week certaines années.

Au printemps, l’équinoxe est associé aux pivoines (botan), tandis qu’en automne, il est lié aux higanbana, les lycoris rouges. La tradition culinaire reflète aussi cette dualité avec une douceur qui prend un nom différent pour chaque occasion : botamochi au printemps, et ohagi en automne. Chaque équinoxe possède ainsi sa fleur et sa douceur symboliques : la pivoine et le botamochi pour le printemps, le higanbana et l’ohagi pour l’automne. Deux repères saisonniers qui, avec 6 mois d’écart, font pleinement ressentir le passage des années.

Ohagi, la spécialité de l’équinoxe d’automne

Impossible de parler de Shubun no Hi sans évoquer l’ohagi, une douceur phare des spécialités d’automne au Japon. Cette grosse boule de riz gluant partiellement écrasé, enrobée d’une généreuse pâte sucrée de haricots rouges (anko), constitue l’offrande par excellence de l’équinoxe d’automne. Sa couleur rouge sombre, liée aux haricots rouges azuki, permet de chasser les mauvais esprits et protéger la maison, ce qui en fait un mets idéal à déposer sur l’autel des ancêtres. Le nom ohagi provient de la fleur de lespédèze (hagi), qui orne les campagnes japonaises à la fin de l’été et au début de l’automne. Par analogie, les grains d’azuki rappelleraient les petites fleurs violettes de cette plante.

Au printemps, la même douceur est appelée botamochi, en référence à la pivoine (botan). La recette est identique, mais la terminologie change au fil des saisons. On dit parfois qu’au printemps, on prépare les botamochi avec une pâte lisse (koshian), les haricots conservés tout l’hiver ayant une peau plus dure, tandis qu’en automne, les ohagi utilisent une pâte aux grains entiers (tsubuan), les haricots venant d’être récoltés et donc plus tendres.

Au-delà de cette distinction, l’ohagi se décline en plusieurs versions : roulé dans du kinako (farine de soja grillé), dans du sésame noir sucré, ou même dans du zunda (pâte de fèves de soja vert). Plus rarement, on en trouve aussi enrobé d’algue verte séchée (aonori). Autrefois, cette douceur était préparée à la maison, puis déposée en offrande avant d’être partagée en famille. Aujourd’hui, on l’achète volontiers dans les pâtisseries japonaises, ou même dans les supermarchés et konbini, mais la symbolique reste la même : un moment de douceur qui relie vivants et défunts.

La floraison des higanbana

Le tout début de l’automne japonais se caractérise par la floraison des higanbana, les fameux lycoris rouges (lycoris radiata). Leur nom signifie littéralement « fleurs de Higan », car elles éclosent précisément autour de la période de l’équinoxe, de mi à fin septembre chaque année.. En quelques jours, leurs tiges surgissent du sol et déploient des corolles écarlates en forme d’araignée, sans aucune feuille apparente, formant parfois d’impressionnants tapis rougeoyants. Leur beauté flamboyante est fascinante mais teintée de mélancolie. Dans l’imaginaire populaire, les higanbana sont intimement liées à la mort et à l’au-delà. On les plante depuis des siècles aux abords des cimetières, mais également autour des rizières japonaises : leurs bulbes toxiques éloignent les rongeurs et protègent à la fois les tombes et les récoltes. D’où leurs surnoms évocateurs : shibitobana (fleur des morts), jigokubana (fleur de l’enfer), ou encore yureibana (fleur des fantômes).

Leur langage des fleurs reflète cette réputation : souvenir triste, séparation, abandon… Mais le bouddhisme leur offre une autre lecture en appelant ces fleurs manjushage, terme sanskrit désignant des fleurs célestes qui, dit-on, tombaient du ciel lors des sermons de Bouddha. Ainsi, au lieu d’annoncer seulement la mort, elles peuvent aussi symboliser une bénédiction ou un heureux présage. Cette dualité participe à leur aura unique et aujourd’hui, grâce à leur apparence photogénique, les higanbana sont très appréciées et attirent les foules. Le parc Kinchakuda Koen, dans la préfecture de Saitama, voir chaque année fleurir plusieurs millions de fleurs, créant un océan écarlate. Dans d’autres lieux, comme au temple Amabiki Kannon, dans la préfecture d’Ibaraki, leurs tapis rouges bordant les tombes offrent un spectacle à la fois mystérieux et apaisant. On admire ces fleurs dans la nature, mais on évite de les cueillir : beaucoup de Japonais considèrent qu’elles portent malheur dans une maison.

Tandis que l’équinoxe de printemps accompagne les semailles et l’éveil de la nature en mars, l’équinoxe d’automne suit les récoltes et invite à la gratitude en septembre. Ensemble, ils dessinent un cycle où les vivants et les morts, le passé et le présent, le jour et la nuit se répondent. J’espère que cet article vous aura permis d’en apprendre plus sur les différents événements saisonniers qui rythment l’année japonaise. Pour en découvrir encore plus, n’hésitez pas à vous procurer mon livre 72 saisons du Japon ! Vous pouvez également consulter mon article sur Tsukimi, la fête de la lune qui se tient à une période assez proche.

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  1. 20 septembre 2025

    Merci pour ces informations
    Actuellement à Shimabara nous serons à Kumamoto demain je vais chercher des infos sur votre site