
Unomachi, la pépite secrète d’Ehime
Situé dans la partie sud de la préfecture d’Ehime, Unomachi est un petit bourg historique peu connu, qui s’insère naturellement dans un itinéraire à travers les très beaux villages historiques de la région, entre Matsuyama et Uwajima. Rattaché à la ville de Seiyo, le village d’Unomachi, niché entre rizières et collines boisées, séduit par son atmosphère paisible et son charme authentique. La rue principale, bordée de maisons de marchands soigneusement restaurées, abrite des ateliers d’artisans, des musées thématiques et des cafés singuliers. Je vous propose aujourd’hui d’en découvrir un peu plus sur Unomachi, un village préservé qui offre une parenthèse au cœur de Shikoku.
Unomachi no Machinami, un quartier historique secret
Unomachi, un quartier historique secret à Ehime.
Dans le jardin du restaurant Hashienda.
Le quartier est assez petit, mais il offre une douce plongée dans le temps.
Le cœur d’Unomachi no Machinami bat dans un minuscule dédale de 4 ou 5 ruelles seulement. C’est peu, mais suffisant pour concentrer tout le charme de ce quartier classé, protégé pour son architecture traditionnelle. Entre façades en bois sombre, tuiles anciennes et bâtiments restaurés, on découvre un petit monde figé dans le temps, mais toujours vivant. Quelques ateliers artisanaux, cafés et restaurants animent ces rues à taille humaine, idéales pour flâner sans but.
- La boutique Yamami Shoyu perpétue la fabrication artisanale de sauce soja, de miso et d’amazake dans une maison de bois préservée du quartier. Ici, tout est fait à la main, avec un minimum de machines, à partir de riz cultivé dans la région d’Uwa. On peut y acheter ces condiments de qualité, et même visiter les lieux pour mieux comprendre ce savoir-faire transmis depuis des générations.
- La résidence Suemitsu-ke Jutaku est la plus ancienne maison de marchand du quartier, construite en 1770. Restaurée et classée bien culturel local, elle retrace l’histoire de cette famille d’entrepreneurs, d’abord brasseurs de sake, puis producteurs de sauce soja. La maison s’ouvre seulement le week-end au public et permet de découvrir de l’intérieur une machiya de l’époque d’Edo, entre planchers patinés, volets coulissants et poutres apparentes.
- Le café Sound Ki, ouvert en 2023, a investi une ancienne maison de 1916 pour en faire un lieu hybride, à mi-chemin entre salon de café, galerie et auditorium intime. Son propriétaire, passionné de musique, y a installé un immense haut-parleur en bois fait main. Le café est feutré, la musique enveloppante, les vinyles éclectiques.
- Le café Ikedaya a transformé l’ancienne brasserie de sake du quartier en un restaurant spacieux et lumineux. On y vient pour son plat du jour local, ses pizzas, ou ses desserts maison. Le cheesecake et le purin au sésame font partie des incontournables. Le midi, l’ambiance est tranquille, mais le soir, le restaurant n’est ouvert que sur réservation.
- Le restaurant Unomachi Bar Oto, dans une maison de plus de 100 ans, propose une cuisine simple mais soignée, servie dans un cadre rétro et accueillant. À midi comme en soirée, on y goûte des plats inspirés du terroir local, accompagnés d’un verre dans une atmosphère conviviale. Un bon point de chute pour les voyageurs en solo ou les curieux de passage.
- Le restaurant Unomachi Hashienda, situé légèrement en dehors du quartier historique, est une adresse fantastique que je recommande absolument. Ce café-restaurant chaleureux, installé dans une ancienne maison de quartier, est tenu par un Japonais adorable qui y sert une cuisine mêlant inspiration française et produits locaux. Le menu du déjeuner, renouvelé selon l’inspiration du chef, met à l’honneur des produits de saison. Le lieu, à la fois rustique et raffiné, est très apprécié pour sa cuisine soignée.
Le musée Uwa Mingukan et l’école Kaimei
Le musée Uwa Mingukan.
L'école Kaimei.
Vue sur les environs depuis l'école Kaimei.
Dans le quartier historique d’Unomachi, la visite principale à faire est celle du musée Uwa Mingukan, dédié à l’artisanat local, qui permet également d’accéder à l’école Kaimei, une ancienne école de style occidental. Ces deux établissements se font face, en haut d’une ruelle pavée qui grimpe vers le temple Kokyo-ji.
Le musée des outils populaires d’Uwa présente une impressionnante collection d’environ 6 000 objets utilisés dans la vie rurale entre les XVIIᵉ et XXᵉ siècles. Ustensiles de cuisine, vêtements, ou encore instruments agricoles sont exposés sans vitrine. Ce n’est pas forcément une visite inoubliable, mais ça peut offrir une petite pause à l’ombre.
Juste en face, l’école Kaimei est la plus ancienne école de style occidental de toute la région, construite en 1882. Transformée en musée, elle conserve près de 6 000 objets liés à l’éducation, de l’ère Meiji (1868-1912) jusqu’à l’entre-deux-guerres : manuels, bureaux, uniformes. Sur réservation, les visiteurs peuvent participer à une reconstitution d’un cours tel qu’il se déroulait à l’ère Meiji, avec professeur en hakama, mobilier et méthodes d’enseignement d’époque.
Uwa Komehaku, un musée très original dans une ancienne école
Uwa Komehaku, le musée du riz dans une ancienne école.
Course de nettoyage du couloir de l'école.
Le musée Uwa Komehaku est un musée dédié au riz, qui, honnêtement, est vraiment très anecdotique… Mais il a la grande particularité d’être situé dans une ancienne école de campagne, et pas n’importe laquelle : le plus long bâtiment scolaire en bois du Japon ! Le bâtiment, parfaitement conservé, mesure 109 mètres de long. La visite du musée est gratuite et permet de découvrir l’histoire de la riziculture dans la région d’Uwa, mais on ne va pas se mentir : c’est surtout le bâtiment en lui-même qui vaut le coup. Depuis les fenêtres, on profite d’une belle vue sur les rizières qui entourent le site. Le lieu propose aussi une activité originale : une course de nettoyage du couloir chronométrée ! Vêtu d’une tenue de sport d’écolier japonais, on parcourt les 109 mètres de couloir en frottant avec un chiffon, comme autrefois. Une expérience amusante, simple et mine de rien assez physique, qui permet d’interagir autrement avec le lieu. Une manière décalée de redécouvrir l’ambiance des anciennes écoles japonaises.
Kokemushiro, un salon de thé enchanteur
Kokemushiro, un salon de thé niché au cœur d'une forêt de cèdres.
Vue sur la forêt depuis l'intérieur.
Un lieu merveilleux à l'ambiance enchanteresse.
Un peu plus au nord d’Unomachi, mais toujours dans la ville de Seiyo, le salon de thé Kokemushiro est un lieu époustouflant, clairement l’un des plus beaux salons de thé du Japon. Situé au cœur d’une forêt de cèdres à l’ambiance onirique, on se laisse embrasser par la mousse d’un vert éclatant, aussi bien au sol que dans le bol, et on profite d’un moment unique dans la campagne japonaise.
À l’intérieur de la maison en bois ou depuis la terrasse, on se délecte d’un moment de calme en savourant un thé vert et des douceurs en plein cœur des montagnes d’Ehime. La carte propose une belle sélection de boissons et de desserts qui sont en plus excellents. Une adresse extraordinaire à découvrir absolument lors d’un passage dans la région !
Les spécialités à goûter à Unomachi
Jakoten Udon.
Mikan, l'incontournable mandarine japonaise.
Si Unomachi ne possède pas à proprement parler de cuisine locale distincte, plusieurs spécialités typiques du sud de la préfecture d’Ehime y sont couramment proposées. Simples, savoureuses, profondément ancrées dans les habitudes régionales, elles méritent qu’on y goûte lors d’un passage dans la région.
- Jakoten : beignet de poisson emblématique du golfe d’Uwa. Le principe est simple : de petits poissons entiers (souvent du maquereau ou du poisson-eau) sont finement pilés, peau et arêtes comprises, puis frits dans l’huile. Cela donne une texture légèrement granuleuse à l’intérieur, une surface bien croustillante, et un goût puissant mais équilibré. On le mange tel quel, ou agrémenté d’un filet de sauce soja et de gingembre râpé, sinon dans des nouilles soba ou udon.
- Hyuuga gohan : plat de riz aux accents marins qui est à l’origine une spécialité des pêcheurs d’Hiburi-jima, non loin d’Unomachi. Sur un bol de riz chaud, on verse une préparation de poisson cru mariné (souvent du chinchard ou de la daurade) dans un bouillon sucré-salé à base de sauce soja, mirin et sake. Un œuf cru battu est souvent ajouté, et quelques algues nori, du sésame et une pointe de wasabi viennent relever l’ensemble.
- Mikan : célèbre mandarine japonaise dont Ehime est le premier producteur du Japon. Les mikan locales sont réputées dans tout le pays. Juteuses, sucrées, rafraîchissantes, elles sont omniprésentes sur les étals. Ce fruit de saison, cultivé en terrasses le long de la mer, incarne à lui seul la douceur de vivre d’Ehime.
Les festivals et événements à Unomachi
À Unomachi et plus généralement dans la ville de Seiyo, les festivals restent confidentiels. Ce sont des événements à taille humaine, organisés localement, souvent en dehors des circuits touristiques. Pas de grands défilés ni de feux d’artifice spectaculaires : ici, les fêtes sont modestes, rurales, et surtout pensées pour les habitants. Certaines ont une dimension religieuse, tandis que d’autres marquent simplement les saisons ou les récoltes. Voici néanmoins une petite liste de matsuri à découvrir à Unomachi et aux alentours.
- 3 février : Meiseki-ji Shugendo Saito Daigomaku
Au temple Meiseki-ji, ce rituel bouddhiste de purification par le feu est organisé dans le cadre du Shugendo, une pratique ascétique liée aux yamabushi (moines-ermites des montagnes). Cette cérémonie impressionnante, à base de prières et de flammes, n’est pas conçue pour le public, mais reste accessible à ceux qui s’y intéressent. - 29 avril : Uwa Renge Matsuri
Cette fête transforme les anciens champs de riz d’Unomachi en un lieu animé : stands de nourriture, danses populaires et matchs de foot dans la boue s’y succèdent. L’élément le plus marquant reste la sculpture d’un mammouth en paille de près de 500 kg, construite chaque année par les bénévoles du quartier. Un rendez-vous festif local, encore peu connu hors de la région. - 13 août : Okuchi no Umi no Carnival
Organisé tout près du littoral, cet événement célèbre l’été japonais avec des concerts et des feux d’artifice dans une ambiance conviviale. Ce petit carnaval local, sans prétention mais chaleureux, rassemble les familles du coin autour de stands et d’activités nocturnes au bord de l’eau. - 14 août : Tonoe Kabuki Kuzushi Bon Odori
Un festival pour O-Bon, dédié aux esprits des ancêtres, qui prend ici une forme originale : une danse Bon Odori mêlée de gestes et de costumes inspirés du kabuki. Cette veillée dansée au cœur du hameau offre un moment unique de communion villageoise. - Mi-septembre : Tsuki Terasu Machinami
À l’occasion de Tsukimi, la fête de la lune, cet événement célèbre la beauté du clair de lune. Lorsque la lune d’automne est la plus brillante, les ruelles d’Unomachi s’illuminent de lanternes et de chants. Un moment suspendu dans la nuit. - 25 octobre : Karihama no Aki Matsuri
Ce festival célèbre l’automne japonais autour d’un repas collectif en plein air, à quelques kilomètres au sud d’Unomachi, dans le petit hameau côtier de Karihama. Produits de la mer, légumes de saison, danses locales et démonstrations folkloriques transforment la plage en grande table villageoise. Un festival rural et généreux, dans un cadre apaisant.
Unomachi offre une respiration inattendue au fil d’un itinéraire à travers les villages historiques de la préfecture d’Ehime. Dans ce quartier discret, on prend le temps de flâner, de pousser la porte d’un café caché, de discuter avec un artisan, ou de découvrir un musée original. Ce n’est ni figé ni folklorique, juste vivant, à son rythme. Une halte précieuse pour qui cherche à goûter la beauté simple du Japon rural. Pour encore plus de découvertes, n’hésitez pas à lire mes articles présentant d’autres lieux de la région, comme par exemple le village historique d’Uchiko ou la jolie ville féodale d’Ozu.