Ouchi-juku, le village pittoresque du Tohoku
Au cœur des montagnes de la préfecture Fukushima, dans la région d’Aizu, se cache le village d’Ouchi-juku, un ancien relais de poste de l’époque d’Edo. Sa rue principale aligne encore une quarantaine de maisons au toit de chaume, tenues par les mêmes familles depuis des générations. Classé quartier historique depuis 1981, ce village historique pittoresque a conservé l’allure qu’il avait au XVIIe siècle : on imagine sans mal les cortèges de seigneurs s’y arrêter pour la nuit. Aujourd’hui, Ouchi-juku attire pour son atmosphère hors du temps, simple et authentique. On s’y balade tranquillement, quelques heures suffisent, mais le charme opère et offre une parenthèse enchanteresse dans un Japon rural.
Le village historique d’Ouchi-juku
Ouchi-juku a été fondé vers 1640 comme troisième relais de la route Aizu Nishi-kaido, qui reliait le château d’Aizu-Wakamatsu à la province de Shimotsuke, du côté de Nikko. Étape stratégique pour les voyageurs, le village accueillait aussi les cortèges des seigneurs féodaux, abritant notamment une auberge de prestige réservée aux daimyo. Puis, avec l’abandon des routes postales à la fin de l’époque d’Edo, Ouchi-juku a décliné avant de renaître à la fin du XXe siècle grâce à une campagne de restauration : les toits de chaume ont été remis en état et les fils électriques enterrés pour restituer l’ambiance d’autrefois.



Aujourd’hui, la rue principale aligne une quarantaine de maisons au toit de chaume constituant des boutiques d’artisanat, restaurants et auberges familiales, où vivent encore des familles depuis de nombreuses générations. On y goûte des spécialités locales comme les fameux negi-soba, des nouilles de sarrasin que l’on mange avec une longue ciboule, ou l’iwashi-yaki, une sardine grillée sur un bâton. Ces dernières années, Ouchi-juku attire de plus en plus de monde, curieux de voir à quoi pouvait ressembler un relais de poste de l’époque d’Edo. En se baladant dans la rue principale, on a vraiment l’impression de remonter le temps : les toits de chaume sont toujours là, et les boutiques et restaurants sont en activité comme ils l’étaient il y a 400 ans. Le village d’Ouchi-juku est assez petit, s’étendant seulement sur une longue rue principale. On en fait vite le tour, mais c’est un lieu à découvrir au ralenti, en s’arrêtant à chaque boutique et en se laissant tenter par les quelques restaurants et cafés sur place.
L’observatoire d’Ouchi-juku


Au bout de la rue principale, un escalier de pierre monte jusqu’au petit temple Koyasu Kannon. Juste derrière, un sentier mène à l’observatoire d’Ouchi-juku, le point de vue idéal pour voir le village dans son ensemble. D’en haut, la rue bordée de chaumières s’étire dans la vallée, encadrée par les montagnes. C’est l’image représentative d’Ouchi-juku, on la retrouve partout en photo. Le paysage change avec les saisons : vert au printemps, flamboyant à l’automne, et vraiment saisissant sous la neige. La montée demande un petit effort, mais la vue résume à elle seule le charme simple du village.
Le sanctuaire Takakura-jinja


Si l’on s’aventure un peu en quittant la rue principale, on découvre le sanctuaire Takakura-jinja, un endroit caché, niché au milieu d’une forêt de cèdres. C’est un petit sanctuaire à l’ambiance mystique avec une histoire qui remonte loin. On raconte que le prince Mochihito, fils de l’empereur Go-Shirakawa, serait passé par ici vers 1180 et qu’il y aurait fondé un temple avant de se lancer contre le clan Taira. Le sanctuaire lui est encore dédié, et chaque 2 juillet, le Hange Matsuri traverse Ouchi-juku pour lui rendre hommage. Depuis l’esplanade, on aperçoit les premiers toits de chaume du village et la vallée, offrant une petite pause qui donne un autre regard sur Ouchi-juku.
Le musée Ouchi-juku Machinami Tenjikan


Au centre du village se trouve le musée Ouchi-juku Machinami Tenjikan, installé dans l’ancien honjin, la grande auberge où logeaient autrefois les seigneurs féodaux. On le reconnaît à sa grande porte, pensée pour laisser passer un daimyo sans qu’il descende de son kago (une sorte de palanquin porté par des serviteurs). À l’intérieur, la salle principale a été reconstituée avec ses tatami, son mobilier ancien et un irori, le foyer creusé dans le sol où l’on entretient un feu de charbon. Rien de spectaculaire en soi, mais c’est une petite visite à faire pour seulement 250 yens.
Les cafés et restaurants d’Ouchi-juku



Manger fait partie de la visite à Ouchi-juku. La rue principale aligne une dizaine de petits restaurants et cafés plongeant dans une belle ambiance. Ici, tout tourne autour des nouilles soba, la grande spécialité du village étant les negi soba, des soba que l’on mange avec un long oignon vert en guise de baguettes. Le restaurant Misawaya Soba en serait l’inventeur et reste l’adresse la plus emblématique, mais il y a souvent la queue devant (pensez à bien inscrire votre nom sur la liste d’attente afin que l’on vous appelle). Le restaurant Tamaya, quant à lui, prend place dans une maison vieille de plus de 400 ans et sert des soba préparés avec de la farine locale : une excellente adresse ! Pour changer un peu, le restaurant Yamamotoya propose des kurumi soba, des nouilles accompagnées d’une sauce aux noix d’Aizu.
Pour une pause plus gourmande, quelques cafés valent l’arrêt. À l’entrée du village, Bunke Tamaya occupe une ancienne maison paysanne et sert des gâteaux élégants, comme un parfait glacé à la pêche ou un roulé de riz, le tout dans une ambiance rétro sophistiquée. Plus haut, le café Yamadaya surprend avec sa déco remplie de poupées okiagari koboshi et de bougies d’Aizu. Son café est particulièrement savoureux pour les amateurs.
Les festivals et événements à Ouchi-juku


Le village d’Ouchi-juku vit au rythme de ses fêtes traditionnelles organisées tout au long de l’année. Certaines sont petites et locales, d’autres plus populaires comme le festival de la neige en février. Ces événements permettent de découvrir le village autrement, dans une belle ferveur locale. Voici une liste de festivals et événements à découvrir à Ouchi-juku :
- 2e week-end de février : Ouchi-juku Yuki Matsuri
Quand la neige recouvre les toits de chaume, le village s’illumine de lanternes sculptées dans la glace. À la nuit tombée, les habitants y placent des bougies qui transforment la rue principale en décor de conte d’hiver. On y voit aussi des distributions de mochi, une parade shinto et, pour finir, un feu d’artifice éclate dans le ciel gelé. Cet événement magique fait partie des principaux festivals de neige du Japon. - Début juin : Ouchi-juku Chakai
Au début du mois de juin, l’ancien honjin devient un immense salon de thé. Les visiteurs peuvent s’installer en costume d’époque et participer à une cérémonie du thé comme si l’on était revenu au temps des daimyo. L’événement est bien moins connu que le Yuki Matsuri, mais il reflète l’élégance discrète du village. - 2 juillet : Ouchi-juku Hange Matsuri
Le 2 juillet, Ouchi-juku rend hommage au prince Mochihito. Des hommes en costume traditionnel, coiffés du chapeau noir eboshi, portent un mikoshi jusqu’au sanctuaire Takakura-jinja. Un Tengu mène la marche. La cérémonie commence par une bénédiction au sanctuaire, puis la procession redescend lentement dans le village. - Mi-août : Ouchi-juku Bon Odori
Au mois d’août, le village danse au rythme du Bon Odori à l’occasion d’O-Bon, la fête des ancêtres. On se retrouve dans la rue principale pour danser en cercle au son des taiko, pendant que les lanternes illuminent la nuit. C’est un événement très local avec peu de monde. - 1er septembre : Bosai no Hi Mizu no Arch
Chaque 1er septembre, pour Bosai no Hi, le jour de prévention des désastres, les pompiers locaux réalisent une démonstration impressionnante. Des jets d’eau synchronisés (appelés kan-nuki) jaillissent en arc au-dessus de la rue, comme une chorégraphie aquatique. - Mi-octobre : Ouchi-juku Owara Kaze no Bon
Durant une soirée, le village devient le théâtre de la danse Owara Kaze no Bon, originaire de la préfecture de Toyama. Des troupes défilent et offrent un spectacle fabuleux.
Les lieux à voir autour d’Ouchi-juku



Le village d’Ouchi-juku est un lieu superbe qui mérite le déplacement en soi. Mais quitte à être dans la région, autant en profiter pour élargir la visite avec d’autres endroits à voir dans les alentours. Plusieurs sites se trouvent à proximité et complètent bien la découverte :
- Les falaises de To no Hetsuri, un canyon impressionnant où la rivière a sculpté dans la roche des formations verticales aux strates bien visibles. Une passerelle permet de les traverser et d’admirer ces parois de près. Depuis Ouchi-juku, il faut compter environ 15 minutes de voiture.
- Le village thermal d’Ashinomaki Onsen, réputé pour ses ryokan et ses bains extérieurs au bord de la rivière, parfait pour se détendre après la visite. Depuis Ouchi-juku, on y accède en 20 minutes de voiture.
- La ville d’Aizu Wakamatsu, capitale historique de la région, où l’on visite le château de Tsuruga et les sites liés à l’histoire samurai de la ville. Depuis Ouchi-juku, comptez environ 45 minutes de voiture ou de bus.
- La ville de Kitakata, connue pour ses ramen aux nouilles épaisses et ses kura, anciens entrepôts en briques transformés en musées ou boutiques. Depuis Ouchi-juku, il faut compter environ 1 heure de voiture.
J’espère que cet article vous aura plu et donné envie de découvrir le village d’Ouchi-juku, un endroit charmant et enchanteur dans la préfecture de Fukushima. Pour prolonger le voyage, je vous invite à lire mes autres articles sur d’autres lieux de la région du Tohoku, comme par exemple sur la ville de Shiroishi ou sur la ville de Sendai.









