Kenkoku Kinen no Hi, le jour de la fondation du Japon
Kenkoku Kinen no Hi, le jour de la fondation du Japon

Kenkoku Kinen no Hi, le jour de la fondation du Japon

Juste après les festivités liées à Setsubun, la fête de l’arrivée du printemps qui marque le début du mois de février, le Japon célèbre Kenkoku Kinen no Hi, un jour férié célébrant la fondation mythique du Japon le 11 février. Entre mythologie et histoire, ce jour évoque la fondation légendaire du pays par l’empereur Jinmu, premier souverain du Japon. Une occasion pour les Japonais de réfléchir sur leur identité et leur héritage culturel. Aujourd’hui, je vous propose d’en apprendre davantage sur ce jour symbolique, et de découvrir que faire le 11 février pour Kenkoku Kinen no Hi.

LE JOUR DE LA FONDATION MYTHIQUE DU JAPON

Les origines de Kenkoku Kinen no Hi plongent dans la mythologie japonaise, décrite dans le Kojiki (Chroniques des faits anciens) et le Nihon Shoki (Chroniques du Japon). Ces récits évoquent l’empereur Jinmu, descendant d’Amaterasu, déesse du Soleil, qui aurait fondé le Japon en 660 avant notre ère. Guidé par le corbeau sacré Yatagarasu, il aurait établi son palais dans l’actuelle région de Nara après une conquête légendaire vers l’Est. Cette légende a servi de base pour ancrer l’identité impériale nippone dans une tradition sacrée et ininterrompue jusqu’à nos jours, considérant donc que tous les empereurs du Japon seraient des descendants d’Amaterasu et des divinités shintoïstes.

En 1873, au tout début de l’ère Meiji (1868-1912), l’adoption du calendrier grégorien permit de fixer la date symbolique de cette fondation au 11 février 660 av. J.-C. Cette décision s’inscrivait dans une volonté de modernisation et de construction d’une identité nationale forte, unifiée autour de l’empereur et de son rôle central et symbolique, descendant des dieux. Remettre sur le devant de la scène l’empereur et la famille impériale permettait également de marquer une cassure en opposition aux siècles de domination de la classe des guerriers avec la dynastie shogunale des Tokugawa qui régnait sur le pays durant l’époque d’Edo (1603-1868). Initialement désigné sous le nom de Kigen Setsu, ou « jour de l’empire », ce jour férié était célébré avec faste à travers des parades et des cérémonies officielles dans tout le pays. Ces manifestations mettaient en avant l’unité nationale et renforçaient le prestige de l’empereur, considéré comme le lien vivant entre le divin et la nation.

Après la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte de démilitarisation du Japon et de séparation entre religion et État, ce jour férié fut supprimé par les forces d’occupation américaines en raison de son association au nationalisme shinto. Toutefois, en 1966, il fut réintroduit sous le nom de Kenkoku Kinen no Hi, avec une signification plus modérée, centrée davantage sur la réflexion autour des fondations culturelles et historiques du Japon. Le 11 février coïncide également avec une étape importante de l’histoire moderne du Japon : la première version de la Constitution actuelle fut promulguée ce jour-là, en 1946, par le général Douglas MacArthur. Ce hasard du calendrier accentue la dimension symbolique de cette date, à la croisée de la mythologie et de l’histoire contemporaine.

LES FESTIVALS POUR KENKOKU KINEN NO HI

Aujourd’hui, Kenkoku Kinen no Hi est un jour férié célébré de manière plus sobre qu’auparavant, mais il reste une occasion importante pour les Japonais de réfléchir à leur héritage et à l’évolution de leur identité nationale. Des cérémonies officielles et des parades solennelles ponctuent cette journée dans de nombreux sanctuaires à travers le pays. Je vous propose justement une sélection de 10 festivals organisés chaque année le 11 février, bien que certains n’aient pas de lien direct avec Kenkoku Kinen no Hi.

  • Daito Ohara Mizukake Matsuri à Ichinoseki (préfecture d’Iwate)
    Chaque année dans la ville d’Ichinoseki, les hommes de 25 et 42 ans (âges considérés comme portant malheur) doivent courir à travers la ville presque nus tout en se faisant asperger d’eau glacée par la foule. Une manière de se purifier et d’éloigner les mauvais augures.
  • Kasedori à Kaminoyama Onsen (préfecture de Yamagata)
    Dans ce festival très local et particulier, des jeunes hommes et femmes se déguisent en oiseaux de paille (symbolisant sécurité et protection) et vont danser devant les commerçants de la ville avant de se faire asperger d’eau froide par ces derniers. Une fête très locale !
  • Shirakawa Daruma Ichi à Shirakawa (préfecture de Fukushima)
    Une foire qui attire de nombreux visiteurs en quête de poupées daruma, de porte-bonheurs, ou bien tout simplement de spécialités à déguster dans les nombreux stands de nourriture qui s’étendent sur 1,5 kilomètre.
  • Meiji-jingu Kigen-sai à Tokyo
    Au sanctuaire Meiji-jingu, une grande parade est organisée, rassemblant plus de 6000 participants, accompagnés de fanfares et de mikoshi (autels portatifs) qui défilent d’Omotesando jusqu’au sanctuaire. Après la parade, des représentations et des événements commémoratifs se tiennent sur place.
  • Oraishi à Echizen (préfecture de Fukui)
    Un festival local qui consiste en une jolie parade et un défilé de mikoshi dans la ville d’Echizen pour souhaiter de bonnes récoltes ainsi que la paix dans le monde.
  • Kamigamo-jinja Kigen-sai à Kyoto
    Le sanctuaire Kamigamo-jinja célèbre le Kenkoku Kinen no Hi avec une cérémonie pour la prospérité nationale et le bien-être du peuple. Des démonstrations de kemari (jeu de ballon traditionnel qui fait penser à un concours de jongles) et de karate sont également proposées.
  • Kashihara-jingu Kigen-sai à Kashihara (préfecture de Nara)
    Avec plus de 4000 participants et des contributions venues de tout le pays, cette cérémonie solennelle rend hommage aux valeurs fondatrices du Japon tout en priant pour la prospérité nationale, la paix mondiale, et le bien-être des citoyens.
  • Sunakake Matsuri à Kawai (préfecture de Nara)
    Ce festival existe depuis plus de 1300 ans et voit les habitants du village de Kawai se lancer du sable les uns sur les autres dans le but de prier pour de bonnes récoltes .
  • Kochi Akiba Matsuri à Tosa (préfecture de Kochi)
    Depuis plus de 200 ans, ce festival met en scène une mystérieuse danse utilisant de longues tiges de bambou tenues à la verticale, en direction du ciel. Les danseurs se les lancent et les attrapent en tâchant de toujours les garder à la verticale.
  • Shinwa no Takachiho Kenkoku Matsuri à Takachiho (préfecture de Miyazaki)
    Ce festival très local met à l’honneur la mythologie japonaise à travers l’un de ses épisodes les plus célèbres : la fuite d’Amaterasu, déesse du Soleil, dans une grotte située à Takachiho.

J’espère que cet article vous aura permis de mieux comprendre ce jour férié que constitue Kenkoku Kinen no Hi, chaque année le 11 février, rappelant l’importance de la mythologie dans la compréhension du Japon et de son histoire. Pour encore plus de découvertes, n’hésitez pas à consulter mes autres articles sur les festivals de neige à voir au Japon et sur l’hiver au Japon.

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