Le Japon en novembre
Le Japon en novembre

Après un mois d’octobre très entraînant et déjà coloré dans certaines régions, c’est le mois de novembre qui vient recouvrir le Japon de son manteau d’automne ! De superbes paysages et événements nous attendent encore une fois de plus ce mois-ci.

BUNKASAI, LES FÊTES DES ÉCOLES

Début novembre, les écoles japonaises deviennent de véritables terrains de jeu et lieux de fête avec les Bunkasai, les fêtes des écoles qui se déroulent généralement autour du 3 novembre, un jour férié dédié à la culture (Bunka no Hi). C’est quelque chose que l’on voit tout le temps dans les anime et manga : chaque classe prépare des stands ou des spectacles pour animer la fête. On les retrouve à tous les cycles, de la maternelle à l’université. Jusqu’au lycée, c’est en général une fête réservée aux familles des élèves, mais les Bunkasai des universités sont ouverts à tous, donc n’importe qui peut venir profiter des animations et spectacles proposés ! Ça offre une ambiance de festival encore différente des matsuri classiques, puisqu’on est dans une école et tout a été pensé et préparé par des étudiants. On trouve plein de Bunkasai d’universités partout dans le Japon début novembre, et je vous emmène pour ma part à celui de l’université de Keio à Tokyo qui est particulièrement animé.

keio bunkasai tokyo
Le Bunkasai de l’université de Keio à Tokyo.

L’AUTOMNE À WAKAYAMA

La saison des couleurs d’automne a commencé le mois dernier au nord du pays et dans les régions montagneuses, mais c’est surtout ce mois-ci, en novembre, que tout le Japon va littéralement s’enflammer ! Attention tout de même aux dates car, début novembre, il n’y a toujours rien à Tokyo ou Kyoto : c’est vraiment à partir du 20 novembre qu’on va pouvoir profiter du merveilleux spectacle de l’automne dans la majeure partie du pays !

Pour patienter, on peut se rendre dans des régions un peu plus froides qui proposent déjà de jolies couleurs de début à mi-novembre. Direction donc la préfecture de Wakayama, au sud d’Osaka, pour aller chasser les feuilles d’automne à Koyasan, un lieu hautement sacré connu pour ses nombreux temples qui proposent un hébergement.

Avant de se rendre à Koyasan, je vous propose une petite halte au village de Kudoyama, tout en bas de la montagne. On peut justement accéder à Koyasan en empruntant Choishi-michi, un ancien chemin de pèlerinage de 20 kilomètres qui part du temple Jison-in. Avant cela, je vous recommande de déjeuner au restaurant Soba Yukimura-an qui propose des nouilles soba d’excellente qualité dans une belle ambiance. Le resto étant assez prisé, il vaut mieux venir assez tôt !

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Les ruelles du village de Kudoyama.
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L’excellent restaurant Soba Yukimura-an.
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L’entrée du temple Jison-in à Kudoyama.

Une fois arrivé en haut de la montagne, c’est toute un dégradé de couleurs qui nous attend à Koyasan de début à mi-novembre ! Que ce soit au temple Kongobu-ji et son joli jardin intérieur, au niveau de la pagode Danjo Garan, ou au temple Okuno-in, les couleurs d’automne sont partout et régalent les pupilles !

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Le jardin intérieur du temple Kongobu-ji à Koyasan.
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L’automne au temple Okuno-in.

Mais ces couleurs s’apprécient encore plus au repos, au chaud dans un shukubo, un temple proposant l’hébergement. Parmi les 117 temples que compte Koyasan, 51 proposent en effet cette option. J’ai pour ma part passé la nuit au temple Eko-in qui est un des plus réputés, et on comprend pourquoi devant la beauté des lieux et le service impeccable des moines ! C’est en outre l’un des rares temples de Koyasan à proposer une cérémonie de Goma-gyo, le rituel du feu qui a lieu le matin.

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Magnifique chambre au temple Eko-in.
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Rituel Goma-gyo au temple Eko-in.

L’activité incontournable à faire à Koyasan, c’est la visite nocturne du temple Okuno-in et son immense cimetière où reposent 200 000 âmes. On peut la faire en compagnie d’un moine qui fournit les explications en anglais ou en japonais au prix de 4500 yens par personne. La réservation se fait sur le site Koyasan Night Tour.

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Visite nocturne du cimetière du temple Okuno-in

Pour manger à Koyasan, je vous recommande le restaurant Kadohama Gomadofu, un incontournable qui propose la grande spécialité du coin : le tofu au sésame, décliné en plein de variantes. Il existe 3 restaurants du même propriétaire à Koyasan, et je suis allé au tout dernier, qui est pour l’instant moins bondé que les deux précédents et propose un excellent ramen vegan. Pour la douceur, vous pouvez aller goûter les desserts de Tommy Nana Café, un tout petit café tenu par un couple adorable (attention, il ferme en hiver, de décembre à mars).

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Ramen végan à Koyasan.
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Tommy Nana Café, un lieu chaleureux à Koyasan.

Après Koyasan, je suis allé de l’autre côté de la préfecture de Wakayama, proche de la mer, dans la région de Kumano, connue pour ses superbes chemins de pèlerinage. Là-bas, c’était encore trop tôt pour les couleurs d’automne, mais on y trouve des lieux magiques à découvrir tout au long de l’année, à commencer par Nakanoshima, une minuscule île sur laquelle on ne trouve qu’un seul établissement : un ryokan proposant un superbe onsen en bord de mer.

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Onsen de pirate sur l’île de Nakanoshima (préfecture de Wakayama).

La région de Kumano compte différents chemins de pèlerinage qui mènent à travers 3 sanctuaires principaux : le sanctuaire Kumano Nachi-taisha et sa vue sur le gigantesque cascade de Nachi, le sanctuaire Kumano Hatayama-taisha et sa ruelle de vielles gargotes Kawaraya Yokocho ainsi que le très joli sanctuaire Kamikura-jinja situé en haut de grandes marches très raides, et enfin le sanctuaire Kumano Hongu-taisha, qui est le point final de tous les chemins de randonnée.

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La célèbre vue du sanctuaire Kumano Nachi-taisha.
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Le sanctuaire Kumano Hayatama-taisha.
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Excellents Takoyaki à Kawaraya Yokocho.
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L’ambiance ghibliesque du sanctuaire Kamikura-jinja.
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Le sanctuaire Kumano Hongu-taisha, point final de toutes les randonnées de la région.

LES FESTIVALS TORI NO ICHI

Le mois de novembre, c’est déjà l’occasion de faire le bilan de l’année écoulée et de porter ses espoirs vers la suivante qui arrive à grands pas avec les festivals Tori no Ichi qui se déroulent 2 ou 3 fois dans le mois dans de nombreux sanctuaires. Pour cette occasion, on achète un kumade, un râteau avec plein d’ornements apportant le bonheur et le succès au travail. On en achète un nouveau chaque année, celui de l’année passée étant alors ramené pour être brûlé. Les festivals Tori no Ichi ont la particularité de durer 24 heures, de minuit à minuit, et au coeur de la fraîcheur des nuits d’automne, on apprécie la chaleur des vendeurs de kumade qui applaudissent pour souhaiter le bonheur à chaque acheteur.

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Tori no Ichi au sanctuaire Hanazono-jinja à Shinjuku.

SHICHI GO SAN, LA FÊTE DES ENFANTS DE 3, 5 ET 7 ANS

Durant tout le mois de novembre, mais particulièrement autour du 15, on remarque un peu partout dans les temples et sanctuaires des petits enfants vêtus de jolis kimono en compagnie de leur parents. C’est la période de Shichi Go San, une coutume qui célèbre les enfants de 3, 5 et 7 ans. Dans la culture japonaise, les chiffres impairs sont de bon augure et ces 3 rituels permettent de fêter la croissance et la bonne santé des enfants. C’est en tout cas toujours très agréable de voir des kimono miniatures habiller les rues.

shichi go san
Shichi Go San, la fête des enfants de 3, 5 et 7 ans.

LE TOURNOI DE SUMO DE NOVEMBRE À FUKUOKA

Comme chaque mois impair, le Japon vibre au rythme du sumo en novembre avec le dernier grand tournoi de l’année qui se déroule à Fukuoka. Pour assister aux différents tournois, il suffit de réserver sa places sur le site officiel de l’association de sumo qui a une version en anglais. Il faut juste s’y prendre assez tôt parce que les places peuvent partir très vite !

sumo fukuoka
Dernier tournoi de Sumo de l’année à Fukuoka.

LES COULEURS D’AUTOMNE

À partir du 20-25 novembre, ça y est : les couleurs d’automne sont enfin là à Tokyo et dans la majeure partie du pays ! Les deux stars de l’automne, ce sont les érables, qui apportent plein de dégradés de rouge, orange et vert, mais aussi les ginkgos, de grands arbres imposants qui rayonnent avec leurs feuilles bien jaunes.

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L’automne dans le sanctuaire de mon quartier à Tokyo.

Si, dans les villes, les cerisiers sont présents partout dans les rues au printemps, c’est moins le cas des feuilles d’automne qui ne sont pas omniprésentes dans le quotidien, mais qu’on va surtout retrouver dans deux types d’endroits : les temples et sanctuaires, et les parcs et jardins.

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Le jardin Mejiro Teien en automne.

LES ILLUMINATIONS D’AUTOMNE

La grande spécificité des couleurs d’automne, c’est le fait qu’elles s’apprécient encore plus un fois la nuit tombée grâce aux nombreuses illuminations nocturnes proposées par les temples, sanctuaires, parcs et jardins. Il y a parfois des illuminations pour d’autres fleurs, comme pour les cerisiers, mais rien de comparable à l’automne, où y en a vraiment partout !

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Les illuminations du jardin Higo-Hosokawa à Tokyo.

L’un des endroits que j’adore pour profiter des illuminations d’automne, c’est le temple Hotoku-ji, dans la ville de Kiryu, située dans la préfecture de Gunma à 2 heures de Tokyo. Pour apprécier au mieux la magie, l’idéal est de venir un peu tard, vers 19 heures, à un moment où il n’y aura quasiment plus personne.

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La magie des illuminations du temple Hotoku-ji (préfecture de Gunma).

L’AUTOMNE DANS LA CAMPAGNE D’AICHI

Durant la période des cerisiers en fleurs en mars et avril, je vous avais dit que, même si c’est très joli en ville, c’est dans la campagne que leur beauté s’exprime pleinement… Eh bien pour les feuilles d’automne, c’est la même chose, voire encore plus le cas ! Je vous emmène donc dans la préfecture d’Aichi découvrir la ville de Toyota en automne qui compte deux endroits exceptionnels, parmi les plus beaux du pays.

Tout d’abord Shikizakura no Sato, un lieu unique où l’on peut profiter des feuilles d’érable et des cerisiers en fleurs… au même moment ! C’est extrêmement rare, mais il y a ici une variété de cerisiers qui s’appelle shikizakura, cerisiers des 4 saisons, qui fleurissent deux fois dans l’année : au printemps et en automne ! Il y en a plus de 10 000 de ce parc et ils côtoient les feuilles d’érable pour offrir un spectacle onirique.

shikizakura no sato
Shikizakura no Sato, un lieu extraordinaire…

L’autre lieu incontournable de la région, c’est la vallée de Korankei et ses milliers d’érables qui s’enflamment au printemps. Il y a beaucoup de monde, donc il vaut mieux éviter les week-ends, et l’idéal est de s’y rendre en journée afin de profiter lentement de la beauté des lieux jusqu’au soir, où l’ambiance change totalement avec les illuminations nocturnes.

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Les illuminations nocturnes des gorges de Korankei.

LE TEMPLE HOKO-JI

Juste avant de clôturer, je tenais à vous partager une superbe découverte faite ce mois-ci avec le temple Hoko-ji, dans la ville de Hamamatsu (préfecture de Shizuoka). Isolé dans les montagnes, on y accède par un petit chemin en pleine nature et, une fois sur place, on enlève ses chaussures pour visiter l’intérieur du temple qui propose de magnifiques vues. Il est également possible de déjeuner de la shojin ryori (cuisine végétarienne bouddhique) et de faire du zazen (méditation assise) sans réservation.

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Le temple Hokoji, dans les montagnes de Hamamatsu (préfecture de Shizuoka).

C’est là-dessus que se termine cette vidéo sur le mois de novembre au Japon : un florilège de couleurs qui illumine les coeurs à travers tout le pays ! Si vous en voulez encore plus, ça se passe dans mon livre 72 saisons du Japon disponible dans toutes les librairies, FNAC, Cultura ou encore Amazon, et que vous pouvez prendre en version PDF sur mon site en compagnie de l’e-book 600 festivals du Japon, l’encyclopédie des matsuri. Rendez-vous le mois prochain pour la dernière vidéo de cette série : le Japon en décembre.

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  1. 31 janvier 2024

    Je ne connaissais pas le bunkasai, c’est super intéressant comme événement ! De même pour le kumade ! Je n’attends que je pouvoir y assister pour en ramener un, ce serait une sublime déco d’intérieur :)

    1. 5 mars 2024

      Merci pour le retour, ça fait plaisir !

  2. Ophélie
    8 janvier 2024

    Bonjour (et merci pour ton site et tes super vidéos), Le jour de la culture (bunkasai) en 2024 tombe un dimanche (=3 novembre). Les universités seront-elles tout de même ouvertes avec leur festival ou est-ce reporté ?
    Merci.

    1. 8 janvier 2024

      Bonjour, merci pour le message ! Non non, les Bunkasai ont justement lieu le week-end en général, donc il y en aura beaucoup ce jour-là ! :)