Tamba Sasayama, la cité des Samurai et des potiers
Dans la préfecture de Hyogo, la ville de Tamba Sasayama est surtout connue pour sa poterie Tamba-yaki. Née il y a plus de 800 ans, cette tradition céramique a profondément façonné l’identité du territoire. Ancienne ville-château fondée au début du XVIIe siècle, Sasayama s’est développée sous l’autorité du shogunat Tokugawa comme lieu stratégique destiné à contrôler la région d’Osaka. Son centre historique conserve encore aujourd’hui une architecture de l’époque d’Edo, formée par d’anciennes résidences de samurai, des rues marchandes et des ateliers d’artisans. La cité offre une sortie originale et intéressante dans le Kansai, accessible en 1 heure de train depuis Osaka ou Kobe. Aujourd’hui, je vous propose ainsi de découvrir Tamba Sasayama, une ville paisible et vivante, où patrimoine historique et artisanat continuent de structurer le quotidien.
Kawaramachi Tsumairi, le quartier historique de Sasayama



Le cœur de Tamba Sasayama se concentre dans le superbe quartier historique de Kawaramachi Tsumairi, une ancienne rue commerçante d’environ 600 mètres. En la parcourant, on découvre une succession de machiya aux façades en bois sombre, étroites côté rue mais profondes vers l’arrière, selon le style tsumairi-zukuri propre à la région, où le pignon fait face à la voie. Ce parti architectural donne une lecture très régulière de la rue, et la mise en souterrain récente des câbles électriques a renforcé la lisibilité de l’ensemble, laissant apparaître une silhouette urbaine homogène et particulièrement soignée. C’est un endroit où l’on flâne avec plaisir au hasard des boutiques et cafés.
Ancien centre marchand lié au château, le quartier accueillait autrefois les échanges de riz, de sauce soja et de céramique, stockés dans de vastes entrepôts. Cette fonction commerciale n’a jamais vraiment disparu : Kawaramachi Tsumairi abrite aujourd’hui encore diverses boutiques d’artisanat local et plusieurs établissements à l’atmosphère pleine de charme :
- La boutique Ameya, qui malgré un nom évoquant la confiserie, est entièrement dédiée à la céramique. Installée dans une solide maison à pignon, elle propose la plus vaste sélection de poterie Tamba-yaki de la ville, ainsi que du papier washi de Kurotani, fabriqué à la main.
- Le café Oito, installé dans une ancienne maison de marchands, vieille de près de deux siècles. Elle a été rénovée avec soin pour accueillir un café où l’on déguste de très bons breuvages et douceurs tout en profitant d’une ambiance élégante avec vue sur un jardin intérieur.
- Le café Haretayo, réputé pour ses cheesecakes maison parfumés au kinako et aux fameux kuromame de Sasayama. Tout est préparé sur place à partir d’ingrédients biologiques. Le propriétaire, également jardinier, utilise parfois les fruits de son propre jardin, visible depuis la salle grâce à une porte coulissante donnant sur une petite cour très appréciée aux beaux jours. Les vendredis et samedis soirs, le lieu se transforme en bistrot et reste ouvert jusqu’à 21h.
- Le café Sunobi, qui associe salon de thé et boutique d’artisanat turc et marocain, créant un contraste inattendu au cœur du quartier historique. On y trouve notamment des lampes turques artisanales, et le lieu organise régulièrement des ateliers pour apprendre à les fabriquer. Côté boissons, on peut y savourer un café turc, un thé chai épicé ou une part de gâteau à la semoule maison, dans une ambiance évoquant les bazars d’Istanbul.
- Le musée Sasayama Nohgaku Shiryokan, qui conserve une importante collection liée au théâtre Noh : masques, costumes richement brodés, ou encore instruments de musique comme le tsuzumi ou la flûte nokan. Ces collections proviennent en grande partie des clans féodaux de Sasayama, dans une région où la pratique du Noh fut activement encouragée autrefois.
Le sanctuaire Ojiyama Makekirai Inari-jinja



À quelques pas du quartier marchand se dresse le somptueux sanctuaire Ojiyama Makekirai Inari-jinja. Installé sur la colline d’Ojiyama, on y accède à travers la montée d’un escalier de pierre couvert de mousse. Ce sanctuaire Inari, dédié à la divinité associée aux céréales, aux récoltes et à la prospérité, est reconnaissable à son alignement de torii vermillon formant un passage vers les hauteurs.
Son nom « makekirai« , que l’on peut traduire par « qui déteste perdre« , est lié à une légende locale remontant au XIXe siècle. À cette époque, le seigneur féodal de Sasayama, réputé pour son orgueil, supportait mal les défaites répétées de ses lutteurs lors des tournois de sumo organisés à Edo devant le shogun. Une année, 10 hommes inconnus se présentèrent au château en affirmant représenter le domaine de Sasayama. Contre toute attente, ils remportèrent victoire sur victoire face aux champions des autres provinces, avant de disparaître aussitôt le tournoi achevé. De retour à Sasayama, le seigneur découvrit que les noms de ces lutteurs correspondaient à ceux de petits sanctuaires Inari disséminés dans la région. La légende veut qu’il s’agisse des esprits-renards d’Inari, venus prêter main-forte a leur seigneur incapable d’accepter la défaite. Depuis, le lieu est associé à la victoire et à la persévérance. Aujourd’hui encore, étudiants avant un examen, sportifs ou entrepreneurs viennent y prier pour ne pas échouer.
Les ruines du château de Sasayama


En plein centre de la ville se trouve Sasayama-jo Onshoin, le palais des ruines du château de Sasayama. De la forteresse édifiée en 1609 sur ordre de Tokugawa Ieyasu, il ne subsiste aujourd’hui ni donjon ni tours de guet, la plupart des bâtiments ayant été démantelés à l’ère Meiji (1868-1912). L’accès au site se fait par un pont de pierre franchissant les anciennes douves, encore en eau. Les remparts, composés de blocs massifs assemblés sans mortier selon la technique anzu-zumi, impressionnent par leur ampleur et par les nombreuses marques de taille laissées par les équipes de bâtisseurs. Plus de 200 symboles distincts, gravés dans la pierre, témoignent de l’organisation rigoureuse du chantier et de la participation de plusieurs clans. Conçu pour surveiller Osaka, dernier bastion de Toyotomi après la bataille de Sekigahara, le château n’eut jamais de donjon achevé, ce qui donne aujourd’hui au site une silhouette ouverte et horizontale assez atypique.
Sur la plateforme principale des ruines du château de Sasayama se dresse le palais Oshoin, reconstruit en 2000. À l’intérieur de cette grande salle d’audience autrefois réservée aux réceptions officielles du seigneur, de vastes salles couvertes de tatami se succèdent, séparées par des cloisons peintes d’après les décors d’origine. L’architecture du bâtiment était pensée pour impressionner et soumettre les visiteurs, notamment par des couloirs volontairement contraignants. La reconstruction a été réalisée en cyprès japonais massif, assemblé sans clous métalliques selon les techniques traditionnelles. À l’extérieur, la promenade sur les remparts offre une belle vue sur la ville. Au printemps, plus de 1000 cerisiers entourent douves et murailles, créant un spectacle magique et faisant du site l’un des lieux les plus fréquentés de la région.
Les anciennes résidences de samurai



En contrebas du château s’étend le quartier des anciennes résidences de samurai, autrefois occupées par les vassaux du seigneur. Le secteur est aujourd’hui essentiellement résidentiel, traversé de ruelles calmes bordées de portails en bois ouvrant sur des cours gravillonnées.
Certaines demeures se visitent, dont la résidence Anma-ke, qui offre un aperçu du quotidien d’un samurai de bas rang au XIXe siècle. Les Anma, au service du clan Aoyama, percevaient un revenu modeste qui se reflète dans l’architecture de la maison. Celle-ci se distingue notamment par son toit principal en chaume épais, une couverture kayabuki inhabituelle en milieu urbain, révélatrice de la condition modeste de ses occupants. Pour seulement 400 yens, on peut déguster un bon thé matcha au cœur de la maison et servi par des dames adorables.
A proximité se trouve la résidence Aoyama Rekishi Mura une sorte de musée consacré à l’histoire du clan Aoyama, qui gouverna Sasayama durant la seconde moitié de l’époque d’Edo. Le site s’organise autour d’une ancienne résidence secondaire de la famille seigneuriale construite peu après la restauration de Meiji. Ce pavillon, ceint de larges vérandas, abrite de vastes pièces aux tatami impeccables, reflet du mode de vie aristocratique maintenu par l’élite locale après la chute du shogunat.
La rue Nikaimachi-dori


Située dans l’ancien quartier marchand au nord de la ville, la rue Nikaimachi-dori traverse le cœur de Tamba Sasayama et constitue l’une de ses principales artères commerçantes. Son nom, qui signifie littéralement « la ville à deux étages », fait référence aux bâtiments construits au début du XXe siècle dont beaucoup possèdent un second niveau, une rareté dans une ville au bâti largement horizontal.
La rue rassemble un large éventail de commerces : boutiques de spécialités locales, dont les célèbres kuromame de Sasayama, brasseries de sake, cafés installés dans d’anciens entrepôts rénovés, et petits restaurants familiaux. Un peu plus loin, le Taisho Romankan attire l’attention. Ancienne mairie de la ville construite en 1920, ce bâtiment d’inspiration occidentale, avec ses murs blancs, son toit d’ardoise et ses colonnades, a été sauvé de la démolition et reconverti en lieu hybride mêlant boutique et salon de thé. Spécialisée dans les marrons et châtaignes, la boutique Kurinosato est quant à elle l’une des principales attractions du quartier.
Shuuraku Maruyama, une auberge bucolique en pleine campagne



À une dizaine de minutes en voiture du centre, le paysage devient nettement plus rural : rizières japonaises, bosquets épars et toits de chaume émergeant de la végétation. C’est dans ce décor que se trouve Shuuraku Maruyama, un ancien village presque abandonné qui ne comptait plus que quelques habitants âgés au début des années 2000. Pour éviter sa disparition, les locaux ont tenté de lui redonner vie en restaurant deux fermes traditionnelles transformées en maisons d’hôtes privées. Le projet repose sur une idée simple : permettre aux visiteurs de vivre, le temps d’un séjour, comme des habitants du hameau. Les deux maisons, âgées d’environ 150 ans, ont été restaurées avec soin à partir de 2009. Elles illustrent l’architecture rurale de Tamba, avec leurs toits de chaume très pentus descendant presque jusqu’au sol, leurs façades en bois sombre et leurs intérieurs semi-ouverts, où se côtoient sols en terre battue pour les espaces de travail et planchers ou tatami pour la vie quotidienne.
Shuuraku Maruyama est un petit village agricole comprenant 9 maisons traditionnelles. Parmi elles, on retrouve donc ces 2 auberges, mais également 2 restaurants : Hiwa no Kura, qui sert de la cuisine française, et Roan Matsuda, spécialisé dans les nouilles soba. Les cinq autres maisons sont des habitations et fermes où vivent des familles. Le projet d’auberge, lancé en 2009, s’inscrit dans une volonté de revitaliser le hameau en redonnant vie à des maisons abandonnées. Surtout, c’est tout le village qui participe au projet, puisque tout le personnel lié à l’auberge, s’occupant de l’entretien des maisons ou de la préparation des repas, est composé de membres du hameau. Ce sont par exemple des mamans du village qui préparent le petit-déjeuner pour les clients. Le séjour est aussi l’occasion de participer à la vie du hameau. Selon la saison, les hôtes proposent des activités liées au calendrier agricole, comme la récolte des edamame de haricots noirs à l’automne ou le battage du riz gluant pour préparer des mochi en hiver.
Le quartier historique de Fukusumi


À 20 minutes de route du centre de Sasayama, on tombe sur le quartier historique de Fukusumi, un endroit minuscule dont la rue principale semble figée depuis l’époque d’Edo. Ancienne station relais sur la Saigoku Kaido, la route reliant Kyoto à l’ouest du Japon, le village a longtemps vécu du passage des voyageurs. Aujourd’hui, ce hameau d’une centaine d’habitants est classé zone de conservation des bâtiments traditionnels, tant son patrimoine a été préservé avec soin. Le décor se concentre autour d’une unique rue d’environ 500 mètres, étroite et pensée à l’origine pour les chevaux et les piétons. De part et d’autre, une succession continue de maisons anciennes. Le lieu est minuscule, mais suffisamment vivant pour justifier un petit arrêt pour le déjeuner ou le goûter, avec quelques bonnes adresses pour se rassasier :
- Le restaurant Omoto, qui occupe une ancienne maison de poste bicentenaire transformée en pizzeria proposant des recettes d’inspiration japonaise. La pâte est par exemple élaborée à partir d’un levain au sake kasu et, parmi les incontournables, on trouve une pizza au miso blanc et aux racines de lotus locales délicatement marinées, ainsi que la pizza botan, garnie de sanglier braisé en clin d’œil au botan nabe de la région.
- Le restaurant Ne no Hi, un petit établissement de ramen artisanaux installé derrière la façade discrète d’une ancienne épicerie. La salle est minuscule, avec seulement quelques places autour d’un comptoir, face à une cuisine ouverte où mijotent les bouillons. Ici, tout est fait maison, y compris les nouilles, pétries chaque matin. La spécialité de la maison repose sur un bouillon clair infusé d’algues kombu et de bonite séchée, servi avec du chashu de porc local élevé en plein air et une cuillerée de pâte de haricot noir légèrement épicée.
- La boulangerie Organic Naritopan, installée dans une ancienne maison de marchand, qui propose un bel éventail de pains mêlant influences japonaises et occidentales. On y trouve des anpan au haricot rouge, un excellent shokupan, des pains garnis d’un curry de sanglier de Sasayama ou encore des brioches aux châtaignes confites locales. Un petit espace dégustation, aménagé avec quelques tables basses et des coussins, permet de faire une pause sur place.
- La pâtisserie Footpath Cakes, qui propose des sablés, des éclairs à la crème de saison, des financiers, des cheesecakes ou encore des tartes au citron.
- Le salon de thé Kissa Edara, qui prend place dans l’ancienne demeure de la famille Edara, notables locaux du bourg. Transformée en café, la maison conserve sa grande pièce de réception en tatami, avec son tokonoma orné d’un ancien rouleau calligraphié. On s’y installe sur des coussins pour déguster une belle sélection de thés japonais.
Le village des potiers de Tamba



La ville de Tamba Sasayama est réputée dans tout le Japon pour sa céramique millénaire : la poterie Tamba-yaki. À 25 minutes de route du centre de la ville se trouve le hameau de Tachikui, berceau historique de cette production qui constitue l’un des 6 anciens fours du Japon, aux côtés de Bizen, Shigaraki, Seto, Echizen et Tokoname. En approchant du village, il n’est pas rare d’apercevoir de fumée s’élever au-dessus des toits, signe qu’un four à bois est en pleine cuisson.
Née il y a environ 800 ans, la céramique Tamba-yaki se distingue par une esthétique sobre et fonctionnelle, fondée sur le grès et le travail du feu. Les pièces sont souvent non émaillées ou simplement recouvertes de cendres naturelles issues de la combustion du bois. Ces cuissons donnent naissance au yohen, ces variations imprévisibles provoquées par la flamme, qui colorent les surfaces de bruns profonds, de verts cendrés ou de nuances orangées. Longtemps réputée pour ses grandes jarres de stockage, utilisées pour conserver le sake, les céréales ou comme contenants funéraires, la poterie de Tamba a également produit une abondante vaisselle du quotidien. À Tachikui, les potiers ont affiné ces savoir-faire au fil des siècles, tout en continuant à cuire leurs œuvres dans des fours-tunnels traditionnels construits à flanc de colline, les noborigama, encore utilisés aujourd’hui. Le village est assez petit, mais on y trouve plusieurs points d’intérêt pour les amateurs de céramique japonaise :
- Sue no Sato, un site dédié à la poterie Tamba-yaki qui constitue le point d’entrée idéal pour découvrir la céramique de la région. Il combine boutique, espaces d’exposition et ateliers. L’ensemble s’articule autour d’un grand bâtiment qui abrite un marché de la céramique : sur de longues étagères sont présentées les œuvres de dizaines de potiers locaux, chaque espace étant consacré à un atelier ou à un artiste, souvent accompagné d’une courte présentation. On prend ainsi la mesure de la vitalité du village, qui compte encore aujourd’hui environ 60 fours en activité.
- Le four Tachikui Noborigama, le plus ancien four en rampe encore existant au Japon, construit en 1895. Long de 47 mètres et adossé à la colline, ce four-tunnel impressionne par ses 9 chambres de cuisson disposées en escalier. Classé bien culturel, il n’est plus utilisé pour la production courante mais reste allumé lors de cuissons exceptionnelles, notamment pendant les festivals. En chemin, il suffit de baisser les yeux pour apercevoir des fragments de poterie intégrés au sol, vestiges discrets de l’activité passée.
- Les différents ateliers et boutiques de céramique, tels que la boutique Shoyogama et ses pièces aux reflets bleu nuit, ou la boutique Nobuyukigama où l’on croise un petit chat.
- Le musée d’art de la céramique de Hyogo, ouvert en 2005, qui offre une vision large de plus de 8 siècles de céramique japonaise. Sa collection rassemble aussi bien des pièces de Tamba-yaki que d’autres productions régionales, tandis que les expositions temporaires mettent en lumière la création contemporaine. Le musée dispose également d’ateliers, d’un jardin ponctué d’œuvres et d’un café-restaurant avec vue sur les collines environnantes.
- Quelques cafés-ateliers, comme par exemple le café-atelier Inaemon, qui associe curry japonais et initiation à la poterie, ou le café Shingetsu installé dans un ancien four à bois reconverti. Il y a également le restaurant Sakurai qui propose de bonnes galettes et crêpes servies dans de la vaisselle Tamba-yaki.
Les spécialités à goûter à Tamba Sasayama



À Tamba Sasayama, la cuisine reflète pleinement le terroir local. On y cuisine les produits de la terre et des forêts environnantes, avec des recettes simples et bien ancrées dans les saisons. Voici quelques spécialités emblématiques de la ville, ainsi que de bonnes adresses pour les goûter sur place :
- Kuromame
C’est clairement le produit le plus emblématique de Tamba Sasayama. Le kuromame est un gros haricot noir, particulièrement dodu et parfumé, cultivé dans les sols argileux autour de la ville. Récolté à l’automne, il se consomme de multiples façons : torréfié puis moulu en boisson, intégré à de nombreuses pâtisseries, ou bouilli et légèrement sucré pour le Nouvel An. L’adresse de référence est la boutique Odagaki Mamedo, une maison centenaire entièrement dédiée au haricot noir. Elle abrite notamment un café où l’on déguste un surprenant espresso de kuromame ou un mont-blanc revisité à base de haricot noir. - Botan nabe
Ragoût composé de sanglier mijoté dans un bouillon miso parfumé aux légumes de saison. C’est le plat local par excellence, la viande locale étant réputée pour sa finesse grâce aux animaux qui se nourrissent naturellement de châtaignes, de glands et de patates douces. Pour en goûter un excellent, le restaurant Botan Tei est une institution. - Tamba Sasayama-gyu
Bien moins connu que le bœuf de Kobe ou de Matsusaka, le bœuf de Tamba Sasayama vaut quand même le coup. Issu de bovins wagyu élevés dans les collines de la région, il se distingue par un persillage fin et un gras fondant. Une excellente adresse pour le découvrir est le restaurant Maekawa, qui sert de la cuisine gastronomique raffinée. - Tamba-guri
Les châtaignes de Tamba sont réputées pour être parmi les plus grosses et les plus savoureuses du Japon. Récoltées à l’automne, elles entrent dans de nombreuses préparations. La boutique Kurinosato est une halte immanquable. On y prépare sur place des yaki-guri, châtaignes grillées au four traditionnel, mais aussi des mont-blancs à la châtaigne de Tamba et des kurikinton, pâtisseries japonaises à base de pâte de châtaigne pure. - Yamaimo
Variété d’igname cultivée localement, consommée depuis longtemps pour ses vertus énergétiques. Râpé, il devient une purée visqueuse appelée tororo, ingrédient courant de la cuisine traditionnelle. - Tambacha
Thé vert de grande qualité, souvent comparé à celui d’Uji. Pour le découvrir, la boutique Suwaen propose des dégustations permettant de comparer plusieurs thés locaux, comme un sencha, un hojicha grillé ou un genmaicha au riz soufflé, tous issus des plantations de thé de la région. - Café
Ces dernières années, la culture du café s’est également développée à Sasayama. Le café Makoto incarne bien ce renouveau. Installée dans un ancien entrepôt, cette micro-torréfaction travaille des grains du monde entier, torréfiés lentement au feu de bois.
Les festivals et événements à Tamba Sasayama
Tamba Sasayama ne se découvre pas uniquement à travers ses paysages et son patrimoine. La ville vit aussi au rythme de nombreuses traditions festives, célébrées tout au long de l’année à travers des festivals et des événements culturels :
- 3 février : Ojiyama Inari-jinja Setsubun Hoshi Matsuri
À l’occasion de Setsubun, qui marque symboliquement l’arrivée du printemps, le sanctuaire Ojiyama Inari-jinja organise cet événement mêlant rites classiques et atmosphère nocturne particulière. La journée débute par une cérémonie shinto et une grande séance de mame-maki, le lancer de haricots censé chasser les mauvais esprits. À la tombée de la nuit, des centaines de bougies sont allumées le long des escaliers et sous les torii, transformant le sanctuaire en un véritable chemin d’étoiles. - Mi-avril : Ojiyama Inari-jinja Shunki Taisai
Ce festival célèbre à la fois le printemps japonais et la fondation du sanctuaire. Dès le matin, les habitants se rassemblent sur la colline d’Ojiyama, décorée de grandes bannières colorées, tandis que des stands de nourriture s’installent dans l’enceinte basse. Le moment fort de la journée est une procession en costumes d’époque, qui met en scène la légende des 8 lutteurs-renards de Makekirai. 8 hommes du village, vêtus de costumes de sumo d’Edo et coiffés de masques de renard, descendent les marches du sanctuaire au son des flûtes et des taiko. La fête se poursuit avec des danses traditionnelles et s’achève dans une ambiance joyeuse, éclairée par quelques lanternes. - Dernier samedi de juillet : Sumiyoshi-jinja Minazuki-sai
Ce rituel estival de purification par l’eau se déroule pour Nagoshi no Harae, la purification de mi-année. Les fidèles traversent un grand anneau de roseaux tressés afin de se débarrasser symboliquement des impuretés accumulées depuis le début de l’année. Le soir, la cérémonie se déplace vers la rivière voisine, où sont mis à l’eau de petits bateaux de paille portant des lanternes allumées. Ces lumières flottantes emportent symboliquement les malheurs loin de la communauté. La soirée se termine par une réunion festive au bord de l’eau où l’on danse en tenue d’été. - 1er week-end d’août : Hohokabe-jinja Gion Matsuri
Dans le district de Hohokabe, un festival local se tient chaque été en hommage à Susanoo, divinité protectrice contre les fléaux. Pendant 2 jours, les villages environnants convergent vers le sanctuaire avec leurs mikoshi et leurs dashi. Le samedi soir, ils parcourent les environs dans une ambiance très animée, secoués vigoureusement par leurs porteurs. Le festival se clôt le dimanche soir par un petit feu d’artifice tiré au-dessus des rizières. - 15-16 août : Dekansho Matsuri
C’est le grand rendez-vous estival de Tamba Sasayama ! Ce festival est consacré à la chanson folklorique Dekansho-bushi. Durant 2 soirées, le centre-ville devient une immense piste de danse à ciel ouvert. Habitants et visiteurs se mêlent dans des rondes joyeuses, tandis que certains danseurs font tournoyer de grands parasols ornés de lanternes. L’ambiance est conviviale et accessible, même pour les novices. Le festival se termine le 16 août par un feu d’artifice. - Fin septembre : Shinmai-sai
Ce événement célèbre chaque année la nouvelle récolte de riz. Lancé à l’initiative d’agriculteurs locaux au début des années 2010, il met à l’honneur la culture agraire de la région. Une rizière en ville est ouverte au public pour des démonstrations et des ateliers participatifs : battage du riz, polissage du grain avec des outils traditionnels, ou encore dégustation d’onigiri cuits au feu de bois dans un grand kama. Un bel aperçu du lien entre la ville et ses terres. - 1er week-end d’octobre : Sasayama Hatake Matsuri
Ce festival d’automne se déroule sur l’esplanade du château et prend la forme d’un grand marché agricole festif. Les producteurs locaux y exposent légumes, fruits, châtaignes et haricots de Tamba, et un concours récompense même les plus beaux kuromame. Des danses traditionnelles ponctuent la journée, ainsi que des animations ludiques mêlant jeux et esprit de matsuri. En soirée, un spectacle de marionnettes raconte des légendes locales. - Mi-octobre : Kasuga-jinja Aki Matsuri
Au sud de la ville, le sanctuaire Kasuga-jinja organise son festival d’automne autour de 2 grands danjiri richement sculptés. Après une bénédiction matinale, les chars sont tirés dans les rues par des équipes de porteurs, encouragés par des danseurs postés sur les structures. Le parvis du sanctuaire accueille également des danses du lion shishi-mai, durant lesquelles le lion mord symboliquement la tête des enfants pour leur porter chance. À la nuit tombée, les danjiri illuminés reviennent au sanctuaire pour une dernière danse musicale en remerciement aux divinités.
J’espère que cet article vous a plu et permis de découvrir une nouvelle pépite méconnue du Japon. La meilleure façon de découvrir Tamba Sasayama reste encore de la parcourir à son rythme, en se laissant guider par ses rues, ses ateliers et ses spécialités locales. Si vous souhaitez prolonger la découverte de villes japonaises où l’art et l’artisanat occupent une place centrale, vous pouvez aussi lire mes autres articles sur Hirosaki, la charmante ville-château d’Aomori ou encore sur Inami, la cité de la sculpture sur bois.









