Hachinohe, la ville à la bonne franquette d’Aomori

Tout au nord du Tohoku, dans la préfecture d’Aomori, la ville de Hachinohe ne fait clairement pas partie des lieux les plus célèbres et prisés des voyageurs dans la région. Pourtant, c’est un endroit qui possède de véritables atouts touristiques, en plus d’être plutôt facile d’accès, à 3h de Shinkansen direct depuis Tokyo. Si cette ville portuaire manque de lumière et de visibilité, elle compte tout de même 200 000 habitants et a de quoi plaire aux amateurs d’ambiances locales, de mer, de marchés aux poissons et de bonne franquette. On y déguste du poisson ultra-frais dès le matin, on y flâne le soir dans les ruelles pleines d’izakaya à taille humaine, et on y ressent la douceur et le charme d’une ville portuaire méconnue qui n’en reste pas moins la seconde ville la plus importante de la préfecture d’Aomori, après la capitale éponyme.

Aujourd’hui, je vous propose de mettre un peu de lumière sur la ville de Hachinohe en partant à la découverte de ses endroits qui méritent le passage, entre la beauté de ses paysages naturels, la richesse de ses produits culinaires et l’atmosphère agréable qui règne dans les rues. Si Hachinohe n’est peut-être pas la ville la plus séduisante pour le papier, elle offre de quoi vivre de beaux moments dans un Japon local et chaleureux, loin des clichés habituels du pays.

Le sanctuaire Kabushima-jinja

Le long de la côte de Hachinohe, le sanctuaire Kabushima-jinja est l’un des lieux les plus emblématiques à visiter dans la région. Perché sur une petite colline face à l’océan, ce sanctuaire fut fondé en 1269 par des pêcheurs. Autrefois sur une île, le sanctuaire est aujourd’hui relié à la terre ferme par une digue, mais il conserve cette atmosphère de bout du monde, avec l’horizon marin tout autour. De mars à août, des milliers de goélands (umineko) viennent nicher ici, couvrant les rochers et les toits de leurs cris… et de leurs fientes ! La scène peut paraître terrifiante, mais elle offre l’occasion de tester sa chance ! Attention : ici, c’est le fait de se prendre une fiente qui porte chance, pas l’inverse ! Pour ceux qui préfèrent éviter cette situation, des parapluies sont mis à disposition afin de se protéger de la pluie blanche. Pour les plus courageux, être touché par une fiente vous permet de recevoir gratuitement un certificat attestant de votre chance, délivré par le sanctuaire.

Le sanctuaire Kabushima-jinja a été entièrement reconstruit en 2020 après un incendie, et arbore aujourd’hui un torii rouge éclatant et un bâtiment principal flambant neuf, sans avoir perdu l’esprit du lieu. Au-delà des prières pour la sécurité en mer, certains viennent aussi ici invoquer la chance en affaires : le mot kabu évoque aussi bien le navet que les actions en bourse.

L’observatoire Ashigezaki Tenbodai

En surplomb de la côte, l’observatoire Ashigezaki Tenbodai offre un superbe panorama à seulement 5 minutes de voiture ou 30 minutes à pied du sanctuaire Kabushima-jinja. Perché sur une avancée rocheuse face à l’océan, cet ancien poste de guet militaire reconverti en belvédère permet aujourd’hui de profiter d’un point de vue spectaculaire sur la côte de Tanesashi. Devant soi : le bleu profond du Pacifique, les falaises sombres, et les prairies vertes piquetées de fleurs sauvages selon la saison. Cet observatoire constitue par ailleurs une étape incontournable du sentier côtier de Tanesashi, une randonnée apprécié des locaux qui longe la côte jusqu’au sanctuaire Kabushima-jinja.

La côte Tanesashi Kaigan

Toujours proche du sanctuaire Kabushima-jinja, la côte Tanesashi Kaigan déploie un paysage inattendu. Ici, pas de falaises vertigineuses ni de plages bondées, mais des prairies naturelles qui descendent lentement jusqu’à l’océan. Entre mai et octobre, les herbes hautes se couvrent de marguerites, de cosmos et d’autres fleurs sauvages, donnant à l’ensemble un air de tableau champêtre. Le sable, surnommé onisuna (« sable chantant »), émet un crissement discret sous les pas. On peut s’y promener, pique-niquer, se baigner, s’aventurer sur les rochers, ou suivre à pied les sentiers de randonnée qui longent le littoral et mènent jusqu’au sanctuaire Kabushima-jinja. Le lieu invite autant à la contemplation qu’à l’aventure douce, entre mer calme et collines verdoyantes. Depuis 2013, la côte de Tanesashi fait partie du parc national Sanriku Fukko, créé pour préserver la richesse de ces paysages et leur biodiversité après la triple catastrophe de 2011. Un petit coin de nature préservée invitant à respirer à pleins poumons.

Miroku Yokocho, la bonne franquette à Hachinohe

S’il y a bien une chose à ne pas manquer à Hachinohe, c’est son ambiance nocturne avec ses ruelles rétro pleines de lanternes rouges et de bonnes odeurs. Le centre-ville compte 8 yokocho, ces petites ruelles nostalgiques remplies de bars et izakaya à la bonne franquette. La plus grande et emblématique est Miroku Yokocho, un petit village de stands alimentaires qui aligne une vingtaine de comptoirs, chacun proposant ses spécialités. Fruits de mer, yakitori, gyoza ou encore ramen : tout se déguste ici dans une ambiance détendue, souvent sur de simples tabourets en bois ou au comptoir, avec un verre de bière ou de sake à la main. Mais Miroku Yokocho n’est pas le seul endroit où se remplir le gosier ! Dans les rues juste autour, on trouve 7 autres yokocho, plus petits et discrets. Chaque échoppe a son caractère, son chef, son atmosphère.

Hasshoku center, le marché aux poissons de Hachinohe

À quelques minutes du centre-ville, le Hasshoku Center est un grand marché aux poissons qui abrite près de 60 commerçants sur plus de 170 mètres de long. Poissons ultra frais tout juste débarqués du port, coquillages, crustacés, mais aussi légumes du Tohoku, viande, sake et pommes d’Aomori : tout y est, et en abondance. L’ambiance est animée, populaire, et tout est pensé pour la dégustation sur place : des tables sont installées entre les étals, et il est même possible de faire griller soi-même ses trouvailles au charbon de bois dans l’espace Shichirin Mura. Pour ceux qui préfèrent s’attabler, le coin Aji Yokocho rassemble une série de petits restos à nouilles : l’occasion de goûter un ramen local.

Tatehana Ganpeki Asa Ichi et Mutsu Ekimae Asa Ichi, les marchés matinaux de Hachinohe

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Si Hachinohe s’apprécie le soir avec ses yokocho, c’est également une ville idéale à visiter pour les lève-tôt puisqu’on peut profiter de 2 grands marchés matinaux qui se complètent bien, puisqu’ils se tiennent à des jours différents, couvrant chaque jour de la semaine. Le Mutsu Ekimae Asa Ichi se tient du lundi au samedi de 3h du matin à 15h, juste devant la petite gare de Mutsu-Minato. C’est un petit marché local rustique et chaleureux. Sous un simple toit de béton ouvert sur la rue, d’anciens pêcheurs vendent à bas prix leurs prises de la nuit : poissons brillants, algues fraîches, ou coquillages encore humides. Une cantine locale permet même de manger sur place un petit-déjeuner aux saveurs marines.

Le dimanche de 4h30 à 9h du matin, c’est le Tatehana Ganpeki Asa Ichi qui réveille Hachinohe. Installé sur un immense quai de 800 mètres en bord de mer, ce marché en plein air aligne plus de 300 stands sortis directement des camions. C’est l’un des plus grands marchés aux poissons du Japon, mais aussi un vrai moment de vie locale : on y trouve de tout, du poisson ultra frais aux brochettes fumantes, en passant par les fleurs, l’artisanat ou de la vaisselle d’occasion. Un marché sans chichi pour les lève-tôt, où voyageurs et habitants partagent un bout de matinée dans la lumière du port.

Les spécialités à goûter à Hachinohe

À Hachinohe, la cuisine reflète la mer, les saisons et l’âme d’une ville populaire. Que ce soit dans les ruelles animées des yokocho, dans les marchés ou dans les restaurants de quartier, on découvre ici une gastronomie généreuse, simple et ancrée dans le terroir local, avec quelques spécialités originales.

• Hachinohe senbei jiru : soupe copieuse à base de bouillon de poulet ou de maquereau, agrémentée de légumes rustiques (chou, carotte, konjac…) et de nanbu senbei, des crackers de blé grillé qui s’imprègnent lentement du bouillon. C’est la spécialité locale par excellence ! Un plat réconfortant et ancré dans les hivers du Tohoku.
• Ika : calmar qui peut se déguster de nombreuses façons : en sashimi ultra-frais dès l’après-midi, grillé (yaki ika), frit ou même séché. Sa chair est ferme, légèrement sucrée, et toujours très savoureuse. Hachinohe est l’un des ports majeurs du Japon pour la pêche au calmar, surtout l’été.
• Maeoki saba : maquereau local, particulièrement gras et fondant. C’est un mets très recherché qui se savoure grillé au sel, en sashimi, en croquette ou en sushi. Un poisson riche en goût, parfait pour découvrir les saveurs du large.
• Barayaki : plat populaire à base de bœuf (ou de porc) et d’oignons caramélisés dans une sauce soja sucrée-épicée, le tout grillé à la poêle. Bien qu’originaire de la ville de Towada, c’est une spécialité très appréciée à Hachinohe.
• Ichigoni : soupe traditionnelle aux oursins et aux palourdes (ou ormeaux), créée par les pêcheurs de la région. Son nom, « soupe aux fraises », vient de la ressemblance entre les oursins rouges flottant dans le bouillon et des fraises.
• Hiramezukedon : donburi typique de Hachinohe, garni de sole (hirame) marinée dans une sauce légère, souvent accompagné d’un jaune d’œuf. Servi dès l’aube dans certains restaurants du port, c’est un plat simple et frais qui met en valeur la qualité du poisson local. Le restaurant Minato Shokudo est l’une des adresses les plus populaires pour déguster ce mets local.
• Hachinohe gyoza : gyoza aux calmars, une association assez unique. Bien croustillants, ils se dégustent dans quelques adresses spécialisées, comme par exemple le gyoza bar Matsuhiro, une petite échoppe située dans Miroku Yokocho.

Les festivals et événements à Hachinohe

Comme partout ailleurs au Japon, Hachinohe vibre au rythme des saisons du Japon à travers plein d’événements et de festivals locaux, permettant de redécouvrir la ville sous un autre jour, animée par des stands de nourriture, danses, spectacles et parades. Voici une liste de 10 festivals à Hachinohe pour vous aider idéalement choisir vos dates si vous passez dans le coin durant une période de matsuri.

• 2-4 janvier : Youtree Asa Ichi
  Pour le Nouvel An, les marchés matinaux de Hachinohe proposent un petit événement gourmand avec des stands de nourriture tenus par des commerçants du coin, et quelques animations. Rien d’extraordinaire, mais de quoi commencer l’année dans une ambiance chaleureuse.
• 2 février : Kushihiki Hachiman-gu Setsubun-sai
  À l’occasion de Setsubun, la fête de l’arrivée du temps, les habitants de Hachinohe se rendent au sanctuaire Kushihiki Hachiman-gu afin de chasser les démons, qui sont présents sur les lieux. Un lancer de graines de soja grillées permet de s’attirer de la chance pour l’année à venir.
• 2e samedi de février : Nango Yuki Hotaru Matsuri
  Début février, le quartier de Nango distille un peu de magie avec ce petit événement nocturne qui invite à profiter du Japon sous la neige sous de belles illuminations nocturnes. Un spectacle de danse traditionnelle est également prévu.
• 17-20 février : Hachinohe Enburi
  Durant 4 jours, la ville de Hachinohe est en fête pour accueillir l’arrivée du printemps japonais, avec des animations dansantes et un feu de joie chaque soir. Dans le centre-ville, des troupes de danseurs coiffés de chapeaux en forme de tête de cheval exécutent de l’enburi, une danse rituelle censée purifier la terre et attirer de bonnes récoltes. Percussions, chants, processions et danses autour des feux de joie créent une ambiance mystique et joyeuse.
• Fin avril : Kabushima Matsuri
  Durant tout un week-end, le sanctuaire Kabushima-jinja réserve un beau programme pour son festival annuel : défilé de mikoshi, parades, spectacles de danse et animations familiales égaient les habitants de Hachinohe.
• De fin avril à début mai : Hachinohe Koen Haru Matsuri
  Durant la Golden Week, le parc Hachinohe Koen propose une grande semaine de fête, offrant plein d’animations et de spectacles pour accompagner la floraison des cerisiers qui a lieu à ce moment-là dans la région.
• Mi-juillet : Hachinohe Tanabata Matsuri
  À l’occasion de Tanabata, la fête des étoiles, ce sont 3 jours de fête se tiennent dans les quartiers commerçants du centre-ville de Hachinohe. Des décorations traditionnelles et de nombreuses animations ont lieu : jeux pour les enfants, danses, parades, concours de cosplay, ou encore cérémonies du thé sont au programme.
• 31 juillet-4 août : Hachinohe Sansha Taisai
  Depuis plus de 300 ans, ce festival consiste en un défilé de mikoshi et de grands chars décorés qui illuminent le ciel d’été nocturne de la ville de Hachinohe. Le jour, on retrouve des spectacles folkloriques, des concours de chars et une foule enthousiaste.
• Mi-août : Hachinohe Hanabi Taikai
  En plein durant l’été japonais, la ville de Hachinohe illumine les visages dans la nuit avec cet événement de feu d’artifice. Plus de 7 000 fusées sont tirées à partir de 19h près du port.
• 31 décembre : Kabushima-jinja Eto Hanabi Kigan-sai
  La fin d’année à Hachinohe est marquée par cet événement organisé le 31 décembre,à partir de 23h30, au sanctuaire Kabushima-jinja. Un feu d’artifice et quelques animations et spectacles sont proposés aux nombreux locaux venant y vivre le passage à la nouvelle année.

J’espère que cet article vous aura donné envie de découvrir Hachinohe, cette ville du Tohoku à taille humaine, tournée vers la mer et pleine de bons plans à la bonne franquette. C’est loin d’être l’endroit le plus clinquant du pays, mais il invite à vivre un Japon brut et authentique. Pour encore plus d’idées de villes à explorer dans le Tohoku, n’hésitez pas à lire mes autres articles sur les endroits à voir à Sendai et sur le lac Tazawa et ses alentours.