LE JAPON EN JUIN
Après un mois de mai sous une verdure éclatante, c’est le mois de juin qui s’abat sur l’archipel et apporte avec lui la fameuse saison des pluies ! S’il s’agit d’une période que l’on déconseille constamment pour voyager au Japon, c’est au contraire un très beau moment pour découvrir les charmes de l’archipel… avec ou sans pluie !
UNE PLUIE DE COULEURS : LA SAISON DES HORTENSIAS ET DES IRIS
Quand on parle du mois de juin, il y a une image qui vient forcément en tête, c’est celle de la floraison des hortensias ! Ces jolies fleurs sont omniprésentes dans les jardins, les temples et sanctuaires, ou même tout simplement les rues, apportant une véritable pluie de couleurs. Avec les sakura c’est peut-être une des fleurs qu’on voit le plus partout, et c’est tout aussi superbe à admirer sous un ciel bleu que sous la pluie ! Leur floraison s’accompagne parfois d’un petit événement ou festival, et on les retrouve par dizaines de milliers dans certains endroits, comme par exemple à Katahara Onsen, dans la préfecture d’Aichi.
Dans l’ombre des hortensias qui accaparent souvent toute l’attention, la floraison des iris est également à l’honneur en juin. S’il s’agit là de fleurs bien moins impressionnantes que les hortensias, on peut tout de même apprécier le spectacle proposé dans quelques lieux célèbres, comme par exemple le parc Horikiri Shobuen à Tokyo, qui a maintes fois été représenté dans les estampes japonaises.
De nombreux lieux mettent à l’honneur à la fois les hortensias et les iris, comme c’est le cas du joli temple Hondo-ji à Matsudo, dans la préfecture de Chiba, qui réunit plus de 50 000 hortensias et 5 000 iris en fleurs au mois de juin.
LE SPECTACLE FÉERIQUE DES LUCIOLES
Le mois de juin, c’est celui où l’on peut profiter d’un spectacle naturel extraordinaire, quelque chose qui mérite totalement qu’on fasse le voyage à cette période, quitte à se taper quelques jours de pluie… Je parle bien sûr de la danse étincelante des lucioles ! Ces petits insectes émettent une lumière féerique pour s’accoupler, et le meilleur moment pour en profiter est entre début et mi-juin. Cela fait des siècles que les Japonais apprécient cette beauté éphémère et fragile des lucioles : autrefois, les enfants les capturaient dans des petites boites. C’était un jeu très populaire, mais aujourd’hui, cette chasse aux lucioles n’est plus que visuelle : on essaie de les capturer, mais plutôt en photo, et c’est encore plus compliqué !
Il faut pour cela un trépied avec un bon appareil, et surtout beaucoup de patience… Mais on peut sinon tout simplement profiter de la magie avec ses yeux, en laissant son appareil de côté. De toute façon, il faut absolument éviter de faire de la lumière lorsque l’on observe les lucioles, les écrans de téléphones sont donc à bannir.
Le plus célèbre et le plus bel endroit du Japon pour en prendre admirer cette magie, c’est sans aucun doute le parc Hotaru Doyo Koen et ses 10 000 lucioles, situé dans la ville de Tatsuno, dans la préfecture de Nagano. Attention : les lieux sont très prisés le week-end, donc il vaut mieux s’y rendre en semaine.
VOYAGE À NAGANO
Comme je le répète à chaque vidéo, la contemplation des lieux saisonniers ne se suffit pas à elle-même : c’est une porte d’entrée qui doit pousser les voyageurs à découvrir les régions du Japon ! Ainsi, étant venu dans la préfecture de Nagano pour admirer les lucioles, j’en ai profité pour transformer la sortie en petit périple de 3 jours et 2 nuits dans la région. À seulement 20 minutes du parc aux lucioles, on trouve par exemple le lac Suwa, connu pour avoir servi de modèle à celui du film Your Name. On peut se promener au bord de l’eau, ou bien se rendre en hauteur au parc Tateishi Koen afin de bénéficier d’une vue imprenable rappelant l’œuvre culte de Makoto Shinkai.
Direction ensuite la ville de Nagano, capitale de la préfecture de même nom, pour découvrir le grand temple Zenko-ji. C’est un lieu impressionnant et très agréable à visiter, même un samedi ensoleillé ! Sur le chemin du temple, on flâne dans les nombreux commerces qui forment une jolie rue piétonne. Le choix du déjeuner était cornélien car les bonnes adresses sont nombreuses, mais je ne regrette pas d’être allé à Kappo Kitazawa, un restaurant de cuisine kappo (une sorte de cuisine kaiseki en plus sobre et abordable). Des plats raffinés et une belle ambiance au comptoir vous y attendent !
Le soir, je me suis rendu dans un endroit onirique, isolé au beau milieu des montagnes de Nagano : Awanoyu, une des plus belles expériences de ryokan que j’aie pu faire depuis toutes ces années… Tout est parfait : le cadre, la cuisine, le service, l’ambiance… et surtout le onsen ! C’est en effet un énorme bain mixte qui attend les visiteurs. L’eau est très laiteuse, donc on ne voit absolument rien à travers et on peut ainsi se baigner nu sans que cela ne pose de problème. Frissons garantis dans ce lieu de grands bandits ! Les prix sont onéreux (33 000 yens, soit environ 215€ par personne la nuit + 2 repas) mais l’expérience vaut clairement le coup. Pour les bourses plus modestes, il est possible de venir profiter du onsen en journée de 10h30 à 13h30 pour seulement 1 000 yens (7€). Et aucun problème pour les personnes tatouées !
NAKASENDO, LA ROUTE DES SAMURAI
Pour terminer en beauté ce voyage dans la préfecture de Nagano, je me suis rendu sur la Nakasendo, une grande route qui reliait autrefois Edo (capitale du shogun) à Kyoto (capitale de l’empereur) en passant par les montagnes. Durant l’époque d’Edo (1603-1868), il existait deux grandes routes qui reliaient ces deux villes principales : la Tokaido, qui longeait la mer, et la Nakasendo, qui passait par les montagnes. Tout au long de ces deux routes, on trouvait des villages-étapes (53 pour la Tokaido et 69 pour la Nakasendo) qui permettaient aux voyageurs de faire une halte, se ravitailler, se divertir ou encore passer la nuit. Ces stations ont énormément été représentées dans les arts japonais, notamment les estampes de Hiroshige qui les a toutes dépeintes.
Aujourd’hui encore, on peut effectuer plusieurs portions du trajet et s’arrêter dans certaines stations qui ont bien été conservées. Les plus célèbres sont Magome-juku et Tsumago-juku, deux superbes villages reliés par une randonnée de 8 kilomètres qui demande environ 2-3 heures de marche. Pour mieux apprécier la visite de ces deux stations, je conseille de venir tôt le matin ou bien en fin de journée afin d’éviter des cars de touristes, qui ne sont pas si nombreux, mais rendent l’ambiance moins appréciable. Les lieux plongent les visiteurs dans un Japon d’antan, et on y trouve quelques boutiques et même des auberges où passer la nuit. À Tsumago-juku, je recommande le restaurant de nouilles soba Otokichi, situé au beau milieu des rizières.
Si Tsumago-juku et Magome-juku sont les deux stations les plus célèbres, il en existe bien d’autres, plus ou moins bien conservées et animées. Ma grosse recommandation est de loin Narai-juku, un village charmant et très animé, comptant de nombreux cafés et restaurants le long de son interminable grande rue.
Beaucoup moins animé et pittoresque, Fukushima-juku est bien plus petit, mais peut également valoir un petit détour. On y trouve de bonnes adresses, comme par exemple le restaurant Chez Koiwai qui propose une cuisine fusion franco-japonaise dans un ancien entrepôt. Le temple Kozen-ji est également très joli à découvrir, et la visite du sekisho (ancien poste de contrôle de la Nakasendo) ainsi que de la maison Yamamura Daikan Yashiki offrent un bon complément.
LA BEAUTÉ DES RIZIÈRES
En juin, c’est la période de plantation du riz : c’est le meilleur moment pour admirer les somptueuses rizières japonaises qui se retrouvent gorgées d’eau. La culture du riz est évidemment fondamentale pour les Japonais, et la plantation des semis de riz se fait de manière rituelle avec des festivals appelés Otaue Matsuri qui se déroulent dans plusieurs endroits, comme par exemple celui du sanctuaire Izawanomiya-jinja, dans la préfecture de Mie, l’un des plus célèbres du pays qui se déroule chaque année le 24 juin.
Sur l’archipel, nombreuses sont les rizières qui revêtent une dimension artistique, proposant de sublimes paysages. Parmi mes préférées, les rizières de Doya Tanada (préfecture de Nagasaki) qui font face à la mer, ou encore celles du parc Noson Koen à Fujiyoshida (préfecture de Yamanashi), qui s’ornent du mont Fuji en toile de fond, sont particulièrement superbes à découvrir.
LA SAISON DES PLUIES
Dans tous les esprits, qui dit mois de juin dit saison des pluies ! C’est la période que l’on déconseille tout le temps pour voyager au Japon mais, dans les faits, il ne pleut pas tant que ça. Cette saison des pluies s’étend en général de mi-juin à mi, voire fin juillet, et on a donc souvent moins de pluie en juin qu’en juillet. Surtout, un jour de pluie ne veut pas dire qu’il flotte toute la journée, parfois il ne s’agit que de petites gouttes à certains moments de la journée, mais la journée est comptabilisée comme pluvieuse.
Dans tous les cas, dites-vous bien qu’il y a autant de beaux jours que de jours de pluie durant cette saison (on dit en général qu’il pleut un jour sur deux durant la saison des pluies). Les beaux jours de juin sont particulièrement agréables avec un beau soleil et une humidité encore relative par rapport aux deux prochains mois, et, les jours de pluie, il y a toujours plein de choses à faire ! On peut ainsi se promener dans les rues commerçantes couvertes (shotengai), apprécier l’ambiance mystique d’un temple ou sanctuaire sous la pluie, ou encore faire la tournée des restaurants et cafés !
Voici un petit exemple de journée pluvieuse à travers les shotengai et adresses gourmandes, le tout à pied :
- Direction tout d’abord le quartier d’Asagaya pour profiter de sa longue rue commerçante et déjeuner au très bon Cafe Spile, spécialisé dans les épices.
- Visite du très beau sanctuaire Mabashi Inari-jinja, un magnifique lieu qui a la particularité d’abriter un torii orné de dragons.
- Balade dans les rues commerçantes du quartier de Koenji, goûter au salon de thé R-za Dokushokan Cafe à l’ambiance enchanteresse, et visite du sanctuaire Hikawa-jinja, le seul du Japon dédié à la météo (qui apparaît dans le film Tenki no Ko de Makoto Shinkai).
- Fin de journée dans le quartier de Nakano et sa galerie marchande, ses ruelles nocturnes et ses nombreux restaurants, dîner à Iroha-tei, un excellent resto d’unagi.
LE PURIFICATION DE MI-ANNÉE
Le 30 juin, c’est le jour d’un rituel shintoïste assez peu connu, mais que l’on retrouve à travers tout le Japon : Nagoshi no Harae, la purification de mi-année. Dans tout le pays, de nombreux sanctuaires arborent un grand anneau tressé pour l’occasion : en le traversant plusieurs fois, on peut se débarrasser des mauvaises choses accumulées durant les 6 premiers mois de l’année, et on se prémunit des maladies jusqu’à la prochaine purification, en fin d’année.
Il n’y a pas vraiment de grands festivals pour cette occasion, ce sont surtout des cérémonies shintoïstes sans le côté festif des festivals classiques. Mais, au sanctuaire Kitaguchi Hongu Fuji Sengen-jinja à Fujiyoshida, il y a une particularité : juste après la purification, on effectue un rituel pour lancer le début officiel de l’ascension du mont Fuji. L’ascension de Fujisan n’est en effet possible qu’en été, du 1er juillet au 10 septembre chaque année. Pour marquer le début de la période d’ascension, on coupe symboliquement une corde à l’entrée du point 0 situé au sein du sanctuaire.
C’est là-dessus que se termine cet épisode sur le mois de juin au Japon : une pluie d’émotions et de découvertes sous un beau ciel bleu et quelques jours de pluie ! Rendez-vous le mois prochain pour le Japon en juillet !
Il est vrai que le Pearl Center d’Asagaya est un très bel endroit ! J’y ai mangé le meilleur taiyaki de ma vie d’ailleurs, à Taiyaki Tomoean!
Haha oui c’est une très bonne adresse ! :)