Voyage artistique dans la préfecture d’Okayama
Voyage artistique dans la préfecture d’Okayama

Voyage artistique dans la préfecture d’Okayama

Après vous avoir proposé une journée sur le thème de l’art à Tokyo, je vous propose de prolonger le voyage dans les arts japonais en partant cette fois dans une région connue pour accorder une place toute particulière aux œuvres artistiques : la mer intérieure du Japon, plus précisément la préfecture d’Okayama.

Très facilement accessible en 3h15 de Shinkansen direct depuis Tokyo, la préfecture d’Okayama est un coin idéalement situé qui regorge de lieux historiques et artistiques à découvrir. Comme toujours, l’idéal est de prendre son temps pour visiter la région afin d’accéder à un Japon plus profond, authentique et humain. Je vous emmène donc aujourd’hui faire le plein de visites artistiques afin de vous donner quelques idées de comment explorer la région. Cet article a été réalisé en partenariat avec le gouvernement métropolitain de Tokyo et la préfecture d’Okayama.

La ville d’Okayama

Chef-lieu de la préfecture éponyme, la ville d’Okayama est connue pour le jardin Okayama Korakuen, qui constitue l’un des 3 plus célèbres jardins du Japon. C’est un vaste espace vert achevé en 1700 en l’honneur du seigneur féodal de la région. Cet ancien lieu de détente du daimyo local a évolué au fil des siècles, s’accompagnant de nouveaux bâtiments traditionnels et espaces fleuris. Au cœur du jardin, le pavillon de thé Fukuda Chaya invite à prendre un moment de contemplation tout en dégustant un bon thé matcha, juste à côté des plantations de thé.

C’est un jardin dont la beauté évolue au fil des saisons japonaises, s’accompagnant d’événements saisonniers permettant d’apprécier les lieux de manière totalement différente. Ainsi, on peut par exemple profiter d’un événement spécial pour le Nouvel An, d’illuminations nocturnes de printemps en avril et mai, d’un rituel de plantation du thé en juin, de la saison des lotus en juillet, de jolies illuminations nocturnes en août, d’un événement pour Tsukimi, la fête de la lune en septembre, de la saison des chrysanthèmes en octobre, ou encore d’illuminations d’automne en novembre.

Juste à côté d’Okayama Korakuen, c’est le château d’Okayama qui trône fièrement, visible depuis le jardin. Achevé en 1597, puis reconstruit en 1966 à cause d’importants dégâts subis durant la guerre, cet édifice est surnommé « le château du corbeau » en raison de sa couleur noire. L’intérieur est équipé d’un ascenseur et propose un café, une boutique de souvenirs, et même un atelier de poterie de Bizen.

Si le jardin Okayama Korakuen et le château d’Okayama constituent les visites incontournables lors d’un passage dans la ville, ne manquez surtout pas le Yumeji Art Museum, un musée passionnant dédié à l’œuvre de Takehisa Yumeji (1884-1934), célèbre peintre, poète et illustrateur japonais qui a marqué l’art japonais avec ses représentations de belles femmes et de chats notamment. Même si vous ne connaissez pas son nom, vous avez certainement déjà vu certaines de ses œuvres, et vous apprécierez totalement la visite du musée ! L’exposition temporaire au moment de ma visite était géniale, mettant en lien le travail de Takehisa Yumeji et les estampes japonais qui lui ont servi d’inspiration. Cette exposition spéciale s’est terminée le 7 septembre 2025, mais de nouvelles expositions temporaires sont régulièrement proposées et toujours aussi intéressantes. Sur place, on trouve également un petit café pour faire une pause. Notez qu’il existe un ticket combiné permettant de profiter d’un tarif avantageux pour visiter le jardin Okayama Korakuen, le château d’Okayama et le Yumeji Art Museum, en vente sur chacun des 3 sites.

Pour le dîner, je suis allé au restaurant Hitorinabe Kei, une adresse spécialisée dans le chiya-gyu, le bœuf local de la préfecture d’Okayama. On le déguste sous forme de sukiyaki ou de shabu-shabu, et cela se fait en hitorinabe, c’est-à-dire que chaque client a sa propre marmite. D’ordinaire, on déguste rarement seul du sukiyaki ou du shabu-shabu, mais ici c’est tout à fait possible justement.

Bizen, la ville de la poterie

Le lendemain, direction la ville de Bizen, un endroit que j’apprécie tout particulièrement dans la région, à 39 minutes de train de la gare d’Okayama. Bizen est célèbre dans tout le Japon pour sa poterie bizen-yaki, qui se caractérise par une couleur brune/rouge, une robustesse et un style très épuré. Les objets sont cuits sans glaçure dans de gigantesques fours avec du bois de pin rouge.

Le quartier d’Imbe est l’endroit principal de Bizen, abritant le sanctuaire Amatsu-jinja, de nombreux cafés-galeries, ainsi que le BIZEN CITY MUSEUM OF ART, qui a tout juste été refait et a rouvert ses portes en juillet 2025. À 15 minutes de marche de là, le café MUGENAN+ est un endroit à voir absolument, proposant non seulement un espace café avec des douceurs et boissons dans une ambiance élégante, mais également un atelier de poterie accessible même sans réservation (néanmoins, c’est toujours mieux de réserver pour être sûr). On crée son propre objet en bizen-yaki, et il nous sera ensuite envoyé par la poste après la cuisson (même à l’étranger).

L’île d’Inujima

Bien que l’on évoque souvent la préfecture de Kagawa pour ses îles artistiques dans la mer intérieure du Japon, la préfecture d’Okayama possède également de véritables îles-musées à découvrir dans une ambiance encore plus calme et contemplative. Ainsi, l’île d’Inujima est un bijou méconnu à ne pas manquer, très facile d’accès via le ferry qui passe par Naoshima et Teshima. L’île offre une magnifique expérience, mêlant art contemporain, bâtiments traditionnels et paysages insulaires.

Autrefois, Inujima était un centre d’extraction de pierre, sa carrière ayant servi à la construction de grands châteaux japonais, tels que ceux d’Okayama et d’Osaka. En 1909, elle devint une île industrielle avec l’installation d’une raffinerie de cuivre, très active jusqu’en 1919 avant de fermer, mais créant une immense pollution qui laissa des séquelles et vit la population décliner. Mais depuis 2008, Inujima renaît de ses centres grâce à Benesse Art Site Naoshima qui entreprit un projet de préservation et de revitalisation de l’île à travers des œuvres d’art contemporain disséminées partout à travers Inujima. Elle fait également partie des îles qui accueillent la Setouchi, festival d’art contemporain qui a lieu tous les 3 ans dans la mer intérieure du Japon.

Aujourd’hui, on peut tout simplement flâner au milieu des vieilles maisons traditionnelles abritant des installations artistiques, se poser dans un café local tel que Uki Cafe, ou encore visiter l’Inujima Seirensho Art Museum, aménagé sur les ruines de l’ancienne raffinerie de cuivre. Inujima constitue ainsi une superbe visite méconnue dans la mer intérieure du Japon, facile à intégrer en complément de Naoshima ou Teshima.

Le port d’Uno

J’ai ensuite pris le ferry pour le port d’Uno, situé à seulement 20 minutes de la célèbre île de Naoshima, afin de passer la nuit à l’Uno Hotel, un hébergement très pratique pour ceux qui souhaitent se rendre sur les îles de la mer intérieure du Japon. L’hôtel affiche partout un bleu denim qui évoque les jeans de Kojima, le quartier des jeans japonais qui est situé tout proche. Les chambres sont très confortables et spacieuse, et il y en a pour tous les budgets, puisque l’établissement propose également des dortoirs à moindre coût. Des œuvres artistiques sont mises en avant, notamment des créations d’artistes en situation de handicap. Le restaurant sert une bonne cuisine française revisitée avec des produits locaux uniquement, permettant de découvrir les saveurs de la mer intérieure du Japon.

À deux pas de l’hôtel, Setouchi Onsen Tamanoyu est un établissement de onsen proposant de magnifiques bains en extérieur et une belle ambiance dans son énorme bâtiment. Les lieux sont ouverts de 10h à 22h (dernière entrée à 21h), et l’hôtel Uno possède un partenariat avec cet onsen, permettant ainsi à chaque client de l’hôtel de venir profiter des bains sans devoir payer de frais d’entrée. À noter qu’il est affiché que les tatouages ne sont pas autorisés, mais en réalité les personnes possédant un tatouage sont totalement admises sur présentation d’un passeport étranger.

Bikan, le quartier historique de Kurashiki

Direction ensuite l’un des endroits phares de la préfecture d’Okayama : le quartier historique de Bikan, dans la ville de Kurashiki. C’était l’un de mes premiers coups de cœur lors de mes premiers voyages au Japon il y a plus de 13 ans, et c’est toujours un immense plaisir d’y revenir ! On y découvre un quartier historique préservé abritant de nombreux entrepôts, aujourd’hui transformés en musées, cafés ou boutiques. On se promène le long de son petit canal bordé de commerces invitant à monter à bord d’une barque pour vivre un moment hors du temps, au fil de l’eau. La particularité ici, c’est qu’on voyage à travers plusieurs époques de l’histoire du Japon avec les différents styles d’architecture, allant de l’époque d’Edo (1603-1868) à l’ère Meiji (1868-1912) ou Taisho (1912-1926).

En plus de son accessibilité, le gros avantage de Bikan est sa taille : c’est un quartier historique imposant qui invite à se perdre dans ses ruelles et dénicher des perles rares. Je vous recommande par exemple le café Kurashiki Momoko, qui propose notamment des parfaits à la pêche et aux raisins dans une ambiance rétro et raffinée. L’ancienne résidence Ohara Hontei constitue quant à elle un véritable joyau caché, juste au bord du canal, abritant une somptueuse maison de thé dans laquelle on peut déguster un thé matcha en contemplant le jardin intérieur. Enfin, le jardin Shinkeien, niché dans un bâtiment historique, fait aussi partie des petites pépites secrètes de Kurashiki.

Yoruya, une auberge culinaire de luxe à Kurashiki

Visiter le quartier historique de Bikan est un véritable plaisir, on peut facilement passer toute la journée à arpenter ses ruelles, musées, cafés et restaurants, mais il serait extrêmement dommage de ne pas prolonger la visite en y passant la nuit ! En effet, une fois la nuit tombée, Kurashiki dévoile un tout autre charme et plonge dans une atmosphère calme, silencieuse et contemplative. En en passant la nuit à Kurashiki, on peut ensuite profiter de la douceur des premiers rayons du soleil dans les ruelles désertes au petit matin.

Il existe plusieurs hôtels, auberges et même guest houses à Kurashiki, et j’ai pour ma part passer la nuit dans un endroit exceptionnel : l’auberge Yoruya, parfaitement placée, nichée à l’entrée du quartier historique de Kurashiki Bikan. C’est une auberge culinaire de luxe qui propose 13 jolies chambres dans un bâtiment vieux d’environ 110 ans. Chacune est différente et fait écho à l’histoire de la ville de Kurashiki, faisant voyager à travers différentes époques du Japon. La particularité des lieux, c’est qu’il s’agit d’une auberge culinaire de luxe, c’est-à-dire que l’accent est mis sur la découverte gastronomique avec un chef qui prépare une cuisine locale et raffinée au comptoir, juste sous les yeux des clients. Les prix commencent aux alentours de 110,000 yens (640€) la nuit + 2 repas pour 2 personnes.

Kojima, le quartier des jeans japonais

Au sud de la ville de Kurashiki, le quartier de Kojima est célèbre pour sa rue des jeans Kojima Jeans Street, dans laquelle on retrouve de nombreuses boutiques proposant des vêtements en jean et denim. Étendue artificielle de terre gagnée sur l’eau créée il y a 400 ans, les sols de Kojima étaient trop salés pour la riziculture, ce qui a obligé les habitants à cultiver autre chose, en l’occurrence du coton, faisant de la région un lieu célèbre pour son textile. Le quartier produisait même 80% des uniformes scolaires japonais !

Aujourd’hui, Kojima offre une balade agréable à travers ses boutiques de vêtements, son musée des uniformes scolaires Kojima School Uniform Museum, ou encore ses commerces locaux, tels que la brasserie Sankan Shuzo, où l’on peut déguster du sake local et même un kakigori au sake.

Pour se régaler dans une ambiance très charmante, le café Hütte est un superbe endroit proposant un menu unique chaque jour avec des produits frais et locaux. Attention cependant car c’est un lieu extrêmement prisé des habitants du coin, et il est donc très recommandé de réserver car le restaurant est presque toujours plein. Tout au Sud, sur la côte, on peut apprécier la vue sur la mer intérieure du Japon depuis l’observatoire de Washuzan, ou bien découvrir le petit quartier de Shimotsui, très local, qui abrite quelques commerces chaleureux.

J’espère que cet article vous aura donné de nouvelles idées pour visiter la préfecture d’Okayama, une région qui présente l’avantage d’être très facile d’accès depuis Tokyo, et qui dévoile une multitude de visages du Japon, entre histoire, art contemporain, gastronomie, espaces naturels et artisanat. Pour encore plus de découvertes, n’hésitez pas à lire mes autres articles sur Bizen et Setouchi, ou sur la ville de Hiroshima.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. Ragnarkings
    10 octobre 2025

    Super article guigui !

    1. 11 octobre 2025

      Merci beaucoup ! <3