Showa no Hi, le premier jour de la Golden Week
Showa no Hi, le premier jour de la Golden Week

Showa no Hi, le premier jour de la Golden Week

La fin du mois d’avril marque chaque année le coup d’envoi de la Golden Week, cette parenthèse printanière synonyme de vacances pour une majorité de Japonais. Et c’est avec Showa no Hi, célébré le 29 avril, que tout commence ! S’il n’est pas le plus animé des jours fériés de la semaine, Showa no Hi n’en demeure pas moins symbolique et voit quelques festivals se tiennent pour l’occasion. Surtout, il nous invite à jeter un regard dans le rétroviseur du Japon moderne, à travers la figure complexe de l’empereur Hirohito et de l’ère Showa (1926-1989), une période marquée à la fois par des heures sombres et des mutations profondes. Aujourd’hui, je vous propose donc de revenir sur les origines et la signification de Showa no Hi, le premier jour férié de la Golden Week.

Showa no Hi, un jour dédié à l’empereur Showa

Instauré en 2007, Showa no Hi est un jour férié destiné à honorer la mémoire de l’empereur Hirohito (1901-1989), qui a régné durant l’ère Showa (1926-1989), littéralement « la paix éclairée ». Cette journée ne vise pas à glorifier sa personne, qui reste assez énigmatique et controversée, mais plutôt à inviter les citoyens à réfléchir à l’histoire du pays durant son règne qui fut le plus long règne de toute l’histoire du Japon (62 ans). L’idée est d’ouvrir une parenthèse de réflexion collective, loin du tumulte, pour se pencher sur les bouleversements ayant marqué le Japon du XXe siècle.

Jusqu’en 1989, le 29 avril était un jour férié dédié à l’anniversaire de l’empereur (Tenno Tanjoubi). Durant son règne, chaque empereur voit son anniversaire devenir un jour de fête nationale, remplaçant celui du précédent empereur. Seule exception : à la mort de Hirohito, son anniversaire a été conservé comme jour férié dans le calendrier, mais transformé en Midori no Hi (jour de la verdure), en hommage à la passion de l’empereur pour la biologie et les sciences naturelles. En 2007, la date retrouve une portée historique assumée avec le nom Showa no Hi, afin d’encourager une meilleure compréhension de cette période dense et contrastée. Le 29 avril est donc resté exceptionnellement férié malgré les changements d’empereurs, preuve de l’importance mémorielle de l’ère Showa dans l’histoire du pays.

Aujourd’hui, Showa no Hi donne rarement lieu à des cérémonies officielles d’envergure, mais il est souvent marqué par des expositions, conférences ou diffusions de documentaires sur l’ère Showa. Certains en profitent pour visiter des lieux de mémoire, ou simplement se promener dans des parcs, comme le parc Showa Kinen Koen à Tachikawa (préfecture de Tokyo), aménagé en 1983 pour commémorer les 50 ans de règne de l’empereur.

L’ère Showa, une période marquante dans l’histoire du Japon

Du pire au meilleur, l’ère Showa incarne l’une des périodes les plus mouvementées de l’histoire japonaise. Elle débute dans un contexte d’instabilité politique, traverse les années sombres du militarisme et de la guerre, avant d’aboutir, après la capitulation de 1945, à une reconstruction spectaculaire qui fera du Japon l’une des puissances économiques majeures de la seconde moitié du XXe siècle. Dans sa première moitié, l’ère Showa est marquée par l’expansion impériale, l’agression militaire en Asie, l’alliance avec l’Axe durant la Seconde Guerre mondiale, et se termine tragiquement avec les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki. À la fin du conflit, l’empereur Hirohito reste en place mais renonce à son statut divin sous la nouvelle constitution imposée par l’occupation américaine en 1947.

La seconde moitié de l’ère Showa offre un tout autre visage. Le pays, ruiné et occupé, entame un redressement économique fulgurant, soutenu par des réformes structurelles, une industrialisation rapide et une forte cohésion sociale. C’est l’époque des jeux olympiques de Tokyo de 1964, du développement des trains à grande vitesse, et de l’émergence du Japon comme un modèle de modernité technologique. À la mort de l’empereur Hirohito en 1989, le Japon est devenu un géant économique, avec un niveau de vie parmi les plus élevés au monde.

L’ère Showa, par ses excès comme par ses réussites, est une période clé pour comprendre l’identité du Japon contemporain. Elle a profondément marqué la mémoire collective, et c’est cette complexité que Showa no Hi invite à ne pas oublier. Aujourd’hui, l’ère Showa évoque pour les Japonais une image nostalgique du Japon des années 1960-80, une période faste correspondant à un développement économique extraordinaire.

Que faire pour Showa no Hi ?

Bien que Showa no Hi soit le jour férié qui lance officiellement la Golden Week, il y a assez peu d’événements en lien direct avec cette journée. Néanmoins, les activités et choses à faire ne manquent clairement pas ! C’est la période idéale pour profiter des innombrables floraisons du printemps, avec les azalées, les glycines, les pivoines, les shibazakura et les némophiles qui sont à leur apogée ! Attention tout de même à bien garder en tête qu’il s’agit d’une période de vacances, et que les lieux les plus célèbres seront bondés ce jour-là.

Showa no Hi peut également offrir l’occasion d’apprécier la verdure fraîche du printemps, à travers d’agréables balades dans les parcs et jardins japonais. La météo est souvent idéale pour une promenade en pleine nature, un flânerie au bord des rivières, voire une randonnée pour les plus aventureux.

Pour vivre ce jour de fête nationale dans une ambiance plus festive ou culturelle, de nombreux festivals se tiennent à travers le Japon le 29 avril. Ils ne sont pas directement liés à Showa no Hi, mais ce sont des matsuri qui ont lieu chaque année à cette date. Voici par exemple une sélection de 10 festivals japonais à découvrir chaque année le 29 avril.

  • 28-29 avril : Shibushi Oshaka Matsuri à Shibushi (préfecture de Kagoshima)
    Ce festival bouddhiste célèbre la naissance du bouddha historique (Shakyamuni) et propose diverses animations avec de la danse, du taiko et des défilés, notamment une jolie parade de femmes vêtues d’un kimono de mariage qui sont assises sur des chevaux.
  • 29 avril : Hatsuuma Matsuri à Kami (préfecture de Miyagi)
    Depuis plus de 650 ans, ce festival printanier sert à prévenir des incendies grâce à ses tigres qui dansent dans la ville, priant pour la sécurité des foyers, certains allant même sur le toit des maisons.
  • 29 avril : Isurugi Hikiyama Matsuri à Oyabe (préfecture de Toyama)
    Remontant à l’époque d’Edo, ce festival met un scène un défilé de 11 grands chars fleuris dans les rues de la ville d’Oyabe jusqu’en début de soirée, où ils s’illuminent alors.
  • 29 avril : Awara Onsen Haru Matsuri (préfecture de Fukui)
    Le village thermal d’Awara Onsen célèbre le printemps avec un festival haut en couleur. Trois grands chars (une montagne de poupées, un char orné de fleurs de cerisiers et un char de tambours) parcourent les rues. Les geisha montent à bord du char fleuri pour offrir au public des danses et musiques traditionnelles, tandis que les stands de nourriture complètent l’ambiance festive.
  • 29 avril : Kintaikyo Matsuri à Iwakuni (préfecture de Yamaguchi)
    Le célèbre pont Kintaikyo est chaque année en fête durant le premier jour férié de la Golden Week. Une brocante, des stands de nourriture, des parades et des démonstrations d’armes à feu traditionnelles attendent les visiteurs.
  • 29 avril : Karatsu-jinja Shunki Taisai à Karatsu (préfecture de Saga)
    Organisé au sanctuaire Karatsu-jinja, ce grand festival de printemps propose plusieurs rituels traditionnels et animations. Les visiteurs peuvent assister à des danses sacrées de jeunes prêtresses, des offrandes florales et des représentations musicales d’un célèbre groupe de flûtes et de tambours de Karatsu. Des restrictions de circulation sont prévues autour du sanctuaire, qui devient piéton le temps de l’événement.
  • 29 avril : Yufuin Onsen Matsuri à Yufuin (préfecture d’Oita)
    Depuis 1950, ce festival rend hommage aux sources chaudes de Yufuin. Il débute par une cérémonie de gratitude, le Kento-sai, suivie d’un programme varié mêlant course avec des seaux d’eau thermale, spectacles de danses locales et autres animations.
  • 29 avril : Usuki Aka Neko Matsuri à Usuki (préfecture d’Oita)
    Ce festival original rend hommage à l’esprit commerçant des marchands d’Usuki d’autrefois, réputés pour leur sobriété et leur succès. Il s’articule autour de la mascotte locale, Akaneko-chan, un chat rouge porte-bonheur. Marché, spectacles, danses, distribution de porte-bonheurs et séances photo avec les petits chats rouges ponctuent cette journée familiale placée sous le signe de la bonne fortune.
  • 29 avril-3 mai : Yonezawa Uesugi Matsuri à Yonezawa (préfecture de Yamagata)
    Cet événement commémore l’une des plus importantes batailles de l’époque de Sengoku (1493-1590). Des démonstrations d’arquebuse japonaise (teppo) sont proposées et, le dernier jour, 700 samurai reconstituent la scène de guerre médiévale.
  • 29 avril-5 mai : Arita Toki Ichi à Arita (préfecture de Saga)
    Cette foire de la céramique se déroule chaque année durant la Golden Week à Arita, l’un des berceaux de la poterie japonaise. De nombreux visiteurs viennent flâner, dénicher de bonnes affaires et profiter d’une belle ambiance de fête.

J’espère que cet article vous a plu et vous a permis de mieux comprendre la signification de Showa no Hi, ainsi que les différentes manières de le célébrer à travers le Japon. Un jour férié discret mais riche de sens qui lance pleinement la grande période de vacances de la Golden Week. Pour plus de découvertes, n’hésitez pas à consulter mes autres articles sur le printemps au Japon et sur les spécialités de printemps à goûter au Japon !

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. Ragnarkings
    22 avril 2025

    Petit article fort intéressant boss !