Shiroishi, l’escapade méconnue proche de Sendai
À seulement 13 minutes en Shinkansen de Sendai, la ville de Shiroishi, posée au pied du mont Zao, invite à une parenthèse paisible avec ses ruelles anciennes et son ambiance détendue. Ancienne cité-château du sud de la préfecture de Miyagi, Shiroishi a su préserver son héritage tout en gardant une taille humaine. On y flâne au bord des canaux, on découvre de vieilles maisons de marchands restaurées, on goûte à des spécialités locales comme les fines nouilles umen, et on se relaxe dans des ryokan isolés en pleine nature. Une ville discrète, qui ne constitue clairement pas une destination incontournable, mais plutôt une option découvrir un Japon plus calme et local autour de Sendai.
Le château de Shiroishi


En arrivant dans la ville, impossible de manquer le château de Shiroishi. Posé sur une petite colline au centre, ce château défensif fut pendant plus de deux siècles le fief du clan Katakura, fidèle vassal du domaine de Sendai. S’il trouve son origine au XIIe siècle, sa version la plus marquante date de 1591. Démantelé à l’ère Meiji (1868-1912) comme beaucoup de châteaux japonais, il renaît en 1995 grâce à une reconstruction fidèle en bois. On peut aujourd’hui y monter pour visiter une exposition sur l’histoire de la région et profiter d’une jolie vue sur la ville et les collines autour. Le château dévoile une beauté évolutive au fil des saisons, avec de beaux cerisiers au printemps, des momiji en automne, et des paysages immaculés sous la neige en hiver.
Juste devant le château, on trouve une Pokéfuta, une plaque d’égout Pokémon qui a pour but d’attirer les visiteurs dans les régions moins connues. Elle représente les Pokémon Lokhlass et Goupilou. Se déplaçant tranquillement sur l’eau, Lokhlass est le Pokémon emblématique de la préfecture de Miyagi, située sur la côte. Le renard Goupilou, quant à lui, est le Pokémon de la ville de Shiroishi, célèbre pour son village des renards. Ses oreilles évoqueraient également la forme du casque de samurai de Date Masamune, personnage historique très ancré dans la région.
La résidence Sumaru Yashiki



En plein cœur du centre-ville de Shiroishi, la résidence Sumaru Yashiki est une ancienne maison de marchand qui offre une belle plongée dans le passé de la ville. Construite il y a plus de 100 ans par la famille Watanabe, elle se compose d’une demeure traditionnelle avec tatami, de vastes entrepôts en bois et d’un jardin japonais. On vient y admirer une exposition d’artisanat local, comprenant notamment des œuvres en papier washi qui s’illuminent. L’entrée est libre et gratuite, et l’ambiance toujours accueillante : le personnel propose régulièrement des visites guidées et petits ateliers. La maison s’anime au fil des saisons: au mois de mars, une immense installation de poupées pour le Hina Matsuri investit les lieux sur plus de 8 mètres de haut, tandis qu’au mois d’octobre, un festival dédié au kimono fait défiler près de 1000 personnes en tenues traditionnelles dans les rues voisines.
Le cratère d’Okama


À 1h de route du centre de Shiroishi, le cratère d’Okama offre un magnifique panorama volcanique. Situé à la frontière entre Miyagi et Yamagata, ce lac de cratère perché à plus de 1 800 mètres d’altitude fait partie du mont Zao, un volcan encore actif. Vu depuis le sommet, le lac forme un cercle presque parfait d’environ un kilomètre de diamètre. Ses eaux acides, d’un vert émeraude intense, changent de teinte selon la lumière et la météo. Aucun poisson ni plante n’y survit : la forte acidité du lac le rend aussi fascinant qu’hostile ! Son nom, Okama, signifie « marmite » en japonais, dû à sa forme arrondie. Cette appellation imagée lui vaut parfois le surnom de « chaudron du diable ».
Des plateformes d’observation aménagées tout autour permettent de contempler ce décor, avec une vue dégagée sur les reliefs alentours. En hiver, l’accès est fermé à cause des fortes chutes de neige, mais au printemps et à l’automne, la route vers le sommet dévoile de superbes paysages de flore alpine ou de forêts flamboyantes. Par beau temps, on se retrouve littéralement au-dessus des nuages.
Yajiro Kokeshi Mura, le village des poupées kokeshi



À 15 minutes du centre de Shiroishi, Yajiro Kokeshi Mura permet de découvrir l’art des kokeshi, les poupées traditionnelles du Tohoku. Ce petit village-musée, situé au nord de la ville, est l’un des berceaux de la kokeshi de style Yajiro, reconnaissable à ses formes arrondies, ses motifs concentriques et son petit air rétro. Le bâtiment principal, en forme de gigantesque poupée, abrite au rez-de-chaussée une salle d’exposition sur l’histoire de ces poupées en bois typiques du nord du Japon. À l’étage, on peut s’essayer à la fabrication de sa propre kokeshi, une belle expérience guidée par les artisans locaux.
L’intérêt de cet endroit est surtout le fait qu’il abrite plusieurs ateliers où les artisans sont présents chaque jour pour confectionner des poupées, et il est donc facile de les rencontrer et les voir à l’œuvre. Le gérant des lieux est d’ailleurs un passionné qui adore la France et se fera un plaisir de vous présenter l’art des kokeshi. Le village organise chaque printemps une grande coupe nationale de kokeshi, rassemblant les meilleurs artisans venus de tout le Japon.
Kitsune Mura, le village des renards


Difficile de parler de Shiroishi sans mentionner Kitsune Mura, l’un des lieux les plus célèbres de la ville, mais pas forcément celui que je recommande en priorité. Ce village des renards est un vaste enclos où vivent des renards de diverses espèces (roux, arctiques, argentés…), évoluant en semi-liberté, un peu comme un mini-zoo. Les visiteurs pénètrent dans l’enceinte principale, nourrissent les renards avec des friandises spécifiques, et peuvent parfois les approcher de très près. Le site abrite aussi d’autres petits animaux de ferme (lapins, poneys nains, chèvres…), ce qui en fait une sortie populaire auprès des familles japonaises et touristes asiatiques.
Le lieu est assez unique, mais il faut garder à l’esprit que ce n’est pas un sanctuaire naturel ni une réserve écologique, et que la cohabitation entre animaux et visiteurs peut poser question… Selon les sensibilités, certains passeront un petit moment sympa, tandis que d’autres se sentiront très mal vis-à-vis de la question animale.
Le sanctuaire Manzo Inari-jinja
À 30 minutes de route au nord de Shiroishi, un petit sentier boisé mène au sanctuaire Manzo Inari-jinja, véritable petit joyau caché dans les montagnes de la préfecture de Miyagi. Son attrait principal est une allée bordée d’une centaine de torii vermillon qui forme un tunnel sacré et mystique, particulièrement saisissant à l’automne ou sous la neige. C’est un sanctuaire Inari qui plonge dans une superbe atmosphère de montagne.
Selon la légende locale, l’endroit doit son nom à Manzo, un palefrenier qui aurait reçu trois chevaux d’un mystérieux moine itinérant, incarnation de la divinité Inari, après les avoir soignés. En gratitude, Manzo aurait fondé ce sanctuaire, avant de se retirer dans l’ascèse et de devenir lui-même une figure vénérée. Aujourd’hui encore, on vient prier ici pour la prospérité et la protection des troupeaux.
Yunushi Ichijoh, un ryokan vieux de 600 ans



Dans la petite station thermale de Kamasaki Onsen, appartenant à la ville de Shiroishi, le ryokan Yunushi Ichijoh est un lieu chargé d’histoire, fondé en 1428 et transmis de génération en génération par la même famille depuis 600 ans. Aujourd’hui encore, la vingtième génération veille sur l’établissement. Considéré comme le plus ancien ryokan de la région, il bénéficie du rare statut de hatago, réservé aux auberges de plus de 500 ans d’existence. Le bâtiment principal, construit en bois sans le moindre clou, est classé bien culturel tangible du Japon. On y retrouve une atmosphère feutrée, entre cloisons en papier, sols en tatami et mobilier d’époque. Les bains assez simples, mais c’est surtout pour la cuisine et l’ambiance que l’on vient ici : le dîner est servi dans un pavillon traditionnel et met en valeur les produits du terroir à travers une excellente cuisine gastronomique.
Les spécialités à goûter à Shiroishi


Comme partout à travers le Japon, chaque ville offre la promesse de mets locaux à déguster, et Shiroishi ne fait pas exception ! Pour découvrir la ville avec ses papilles, voici quelques spécialités à goûter :
- U-men : nouilles locales très fines, sans huile, à déguster chaudes dans un bouillon clair ou froides avec une sauce au sésame ou aux noix. Le restaurant Tsurigane-an, installé dans une vieille maison de ville, en propose une version aussi jolie que savoureuse.
- Okuzukake : soupe épaisse qui rassemble des nouilles u-men, du tofu, des légumes racines et un bouillon de dashi légèrement épaissi au kudzu. C’est un plat doux et nourrissant qui constitue une spécialité d’hiver typique de la région.
- Gyutan : langue de bœuf qui est la grande spécialité de Sendai, mais que l’on retrouve beaucoup ici également.
- Renkon : racine de lotus qui se retrouve sous diverses formes, à la fois en salade, dans les pâtes, sauté ou en tempura.
Les festivals et événements à Shiroishi
Tout au long de l’année, la ville Shiroishi s’anime au rythme de nombreux festivals qui reflètent son histoire, sa culture, ses savoir-faire et sa vie locale. Pour vous en donner un aperçu, voici une sélection de festivals à Shiroishi pour découvrir la ville dans une ambiance euphorique :
- De mi-février à mi-mars : Shiroishi Hina Matsuri
À l’occasion du Hina Matsuri, la fête des petites filles, 3 expositions de somptueuses poupées ont lieu à travers la ville : dans la résidence Sumaru Yashiki, à Yajiro Kokeshi Mura, et à Ningyo no Kura. - De début à mi-avril : Shiroishi-jo Sakura Matsuri
Pour célébrer la floraison des cerisiers, un petit événement a lieu au château de Shiroishi, avec 230 cerisiers en fleur qui sont sublimés par des illuminations nocturnes jusqu’à 21h. - 3 mai : Shiroishi Shimin Haru Matsuri
Depuis plus de 300 ans, ce festival célèbre les traditions locales. Défilé de mikoshi, chars de taiko, parades en armures de samurai… Tout le centre-ville s’anime dans un esprit de transmission populaire. - 3-5 mai : Kokeshi Kon
Chaque année durant la Golden Week, des artisans venus de tout le Japon exposent leurs créations au centre culturel de Shiroishi. Démonstrations, ventes et mise en valeur de cet artisanat typique animent cet événement spécialisé. - 9 août 2025 : Shiroishi Natsu Matsuri
Autour de la gare et de la place Sumairu, spectacles, stands de rue et danse Bon Odori attirent de nombreux habitants. Un feu d’artifice final illumine le ciel derrière le château, visible depuis la rue principale. - Mi-septembre : Shiroishi Zao Kogen Marathon
Organisé dans les montagnes à la frontière de Yamagata, ce marathon est réputé pour ses fortes variations de dénivelé. Une course exigeante mais magnifique, ouverte aussi à ceux qui préfèrent marcher (parcours de 5 km). - 1er samedi d’octobre : Oni-Kojuro Matsuri
Devant le château de Shiroishi, ce grand spectacle historique met en scène 120 soldats en armure dans une reconstitution de la bataille d’Osaka de 1615. Démonstrations de sabres, salves d’arquebuses et manœuvres de troupe ponctuent cet événement qui plonge la ville dans l’époque féodale. - Mi-octobre : Shiroishi Joka Kimono Matsuri
Jusqu’à 1 000 personnes en kimono traditionnel défilent dans les rues du vieux Shiroishi. Ce festival célèbre l’élégance du vêtement japonais, avec ateliers, danses, expositions de textiles et ambiance festive dans toute la ville.
J’espère que cet article vous a plu et vous a donné envie de découvrir Shiroishi, cette petite ville paisible nichée au pied du mont Zao. Elle offre une belle échappée loin des foules, idéale pour une journée ou un week-end au calme. Pour d’autres idées de petites villes à explorer, n’hésitez pas à consulter mes articles similaires sur Ozu, la jolie ville féodale d’Ehime, et sur Gujo, un lieu pittoresque à Gifu.









